Les partis et le gouvernement irlandais tentaient lundi de trouver une issue à la crise politique, avec pour double objectif l'adoption d'urgence du budget d'austérité dont dépend la mise en oeuvre du plan international de sauvetage de l'Irlande et des élections dans la foulée.

Après une semaine tumultueuse, le retrait des Verts de la coalition au pouvoir dimanche a mis une pression accrue sur le gouvernement, désormais minoritaire, avec huit des 15 ministres démissionnaires, pour convoquer des élections avant la date déjà avancée au 11 mars.

L'ensemble des partis est convaincu de la nécessité de faire passer en priorité la loi de Finances pour 2011, qui constitue la contrepartie du plan de sauvetage conclu en novembre avec le FMI et l'Union européenne.

Le budget, qui impose de lourds sacrifices aux Irlandais avec notamment des hausses d'impôts et une baisse du salaire minimum, est indispensable pour maintenir la confiance dans le plan de redressement irlandais.

Le ministre des Finances Brian Lenihan a souligné «l'importance vitale» du texte pour «la confiance de la communauté internationale», mais il a jugé «irréaliste» un vote d'ici à vendredi.

Les deux principaux partis d'opposition, Labour (gauche) et Fine Gael (centre), soupçonnent le premier ministre de chercher à tergiverser pour s'accorder un minimum de répit dans l'espoir de rétablir la crédibilité de son parti. Le Fianna Fail n'est plus crédité que de 14% des intentions de vote.

«Nous n'accepterons pas que le Fianna Fail gagne du temps afin que son nouveau chef ait le temps de se préparer pour les élections», a souligné un porte-parole du Fine Gael, Simon Coveney.

Les deux partis menacent chacun le gouvernement d'une motion de défiance s'il ne fait pas tout pour boucler le vote de la loi d'ici à vendredi.

La porte-parole du parti travailliste Joan Burton a estimé qu'une élection pourrait se dérouler dès le 18 février, et «en tout cas sans difficulté» le 25, un délai de trois semaines étant imposé entre la dissolution du parlement et l'organisation d'élections.

Le pugnace premier ministre a certes dû s'incliner dimanche devant le retrait des Verts, mais il reste à son poste jusqu'au vote de la loi de finances, qu'il juge «impossible» d'ici à vendredi.

Le vieux loup de la politique irlandaise semble pourtant au pied du mur : son gouvernement est désormais réduit à sept membres, il n'a plus de majorité parlementaire depuis le retrait des six députés et deux ministres Verts, et il ne dirige plus son parti.

Brian Cowen a dû renoncer samedi à diriger le Fianna Fail, après une rébellion à l'intérieur du parti. Son nouveau chef doit être choisi mercredi, parmi quatre candidats déclarés dont le meneur de la fronde contre M. Cowen, l'ex-ministre des Affaires étrangères Micheal Martin.

Brian Cowen bat des records d'impopularité pour sa gestion de la crise financière irlandaise, qui a imposé de lourds sacrifices à la population, et pour avoir mis au point un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), ressenti comme un abandon de souveraineté en Irlande.

Si l'Irlande s'est mise relativement à l'abri des turbulences du marché en acceptant le plan de sauvetage international, une éventuelle renégociation des conditions dont il est assorti après les élections pourrait ébranler de nouveau la confiance.