La Corée du sud, la Russie et la Slovaquie ont pris samedi les premières mesures de précaution contre les viandes importées d'Allemagne, où des milliers d'élevages de poules et de porcs sont fermés en raison d'une contamination d'aliments pour animaux à la dioxine.

En Allemagne, les enquêteurs tentent d'établir l'origine exacte de la contamination, alors que les soupçons sur l'entreprise du nord du pays, dans le viseur des autorités depuis le début du scandale, se multiplient.

La Corée du sud a annoncé samedi qu'elle suspendait les importations de viande de porc allemande, une mesure jugée disproportionnée, par Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire en charge de la Santé John Dalli.

«Les Sud-Coréens nous ont dit qu'ils suspendaient les importations de porc en provenance d'Allemagne, c'est à notre connaissance le seul pays tiers qui a pris une telle mesure (...) mais on va essayer de discuter avec les Sud-Coréens pour les rassurer», a-t-il ajouté.

Bruxelles juge qu'il n'y a pas lieu d'interdire les exportations de viande allemande «parce que les fermes sont bloquées et que les produits des fermes livrés sont bloqués en attendant les analyses», a souligné M. Vincent.

«Dans l'Union européenne, aucun pays n'a pris de mesures spécifiques» de cet ordre, a-t-il poursuivi.

L'agence russe de surveillance de l'agriculture a également annoncé un renforcement des contrôles sur la viande en provenance d'Allemagne et d'autres pays européens, sans toutefois préciser lesquels.

Quant à la Slovaquie, elle a suspendu temporairement la vente d'oeufs et de viande de volaille importés d'Allemagne et a ordonné des contrôles dans ses magasins et entrepôts.

Alors que des niveaux illégaux de dioxine n'ont été trouvé pour le moment que dans des oeufs, ces annonces font poindre la menace d'une extension de la crise aux viandes de porc et de volaille.

Le ministère allemand de l'Agriculture a voulu couper court à ces craintes en annonçant samedi que trois tests effectués dans des abattoirs à volailles destinées à la distribution ont donné des résultats «largement inférieurs à la limite autorisée».

Six autres tests pratiqués sur de la viande de porc ont également laissé apparaître un niveau de dioxine compatible avec la réglementation, a-t-il ajouté.

Les reproches envers le fabricant de graisses animales Harles und Jentzsch se multiplient néanmoins. Les soupçons d'escroquerie et de fraude fiscale sont venus s'ajouter aux possibles infractions à la législation sanitaire.

«Beaucoup de choses laissent à penser que l'entreprise a trompé ses clients et a transformé des acides gras de faible qualité en aliments à bétail chers», a déclaré le porte-parole du ministère de l'Agriculture de l'État régional de Basse-Saxe, Gert Hanne, à un quotidien régional.

À ce jour, la seule exportation soupçonnée d'avoir été contaminée à la dioxine concerne des oeufs destinés à l'industrie agro-alimentaire vers les Pays-Bas, où une partie fait l'objet d'analyses.

Une autre partie de ces oeufs ont servi à la fabrication de gâteaux et de quiches vendus au Royaume Uni, mais sans risques pour la santé, selon les autorités sanitaires britanniques.

Plus de 4700 exploitations agricoles sont fermées par précaution en Allemagne depuis vendredi, où les autorités soupçonnent une origine «criminelle» de la contamination d'aliments pour animaux à la dioxine.

L'écrasante majorité des entreprises touchées se trouve en Basse-Saxe (nord), où la société Harles und Jentzsch a livré en novembre et décembre des graisses contaminées destinées à la fabrication d'aliments pour animaux.

La mesure frappe surtout des élevages porcins, mais aussi des entreprises laitières, et durera jusqu'à ce que soit prouvée l'absence de contamination dans leurs produits.