Des journalistes ont déjoué les systèmes de sécurité des aéroports français de Marseille et Roissy-Charles-de-Gaulle (Paris), en voyageant avec un pistolet en bagage à main, dans le cadre d'un reportage diffusé jeudi, relançant le débat sur l'opportunité de confier la sécurité à des firmes privées.

Afin d'illustrer les failles de la sécurité dans les aéroports français, dont les fouilles sont assurées par des sociétés privées, une équipe de journalistes de l'émission Envoyé spécial de la télévision publique France 2 a pris l'avion à deux reprises le 8 novembre 2010, à Roissy-Charles-de-Gaulle le matin pour un vol vers Nice, et à Marseille-Marignane dans la soirée pour un avion à destination de Paris, avec un pistolet de calibre 9 mm.

Les agents de sécurité n'ont pas décelé l'arme, démontée en plusieurs parties, et placée dans deux bagages à main différents. Pendant le vol retour, l'une des journalistes s'est filmée en train de remonter l'arme dans les toilettes de l'avion.

L'affaire relance le débat sur les failles dans la sécurité lorsqu'elle est assurée par des firmes privées, une évolution de plus en plus importante en France.

«Ce n'est que l'illustration des dérives possibles que nous dénonçons depuis plusieurs années. Le but des sociétés privées n'est pas forcément la sécurité, c'est de faire de l'argent», a regretté Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat de policiers USGP-FO.

«On ne peut pas revenir en arrière, la police ne peut pas se substituer aux sociétés de sécurité privées pour les fouilles dans les aéroports», a cependant estimé Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de policiers Synergie-Officiers.

L'État a progressivement conféré aux sociétés de sécurité privée de nombreuses tâches qui incombaient auparavant aux agents publics, comme la fouille dans les aéroports, transférée au début des années 90 au privé.

La tendance est telle - avec une croissance de près de 3% par an pour un chiffre d'affaires de près de 10 milliards d'euros - que d'ici à dix ans, selon les experts, le nombre des salariés de la sécurité dans le privé, qui sont aujourd'hui près de 170 000, pourrait dépasser celui des agents publics (environ 240 000 entre la police et la gendarmerie).