La police a déjoué mercredi un attentat qui aurait pu tourner au carnage dans les locaux du quotidien danois ayant publié en 2005 des caricatures de Mahomet, au terme d'une opération qui a mené à l'arrestation de cinq personnes probablement liées au terrorisme international.

Le directeur du Renseignement danois (PET) Jakob Scharf a estimé que ces arrestations avaient empêché une «attaque terroriste imminente du type de Bombay» en 2008 lorsque 10 hommes lourdement armés avaient fait un carnage dans un hôtel de luxe.

Selon lui, les suspects comptaient «s'introduire dans le bâtiment du Jyllands-Posten à Copenhague et tuer autant de personnes que possible».

Le PET a indiqué avoir saisi «des lanières en plastique pouvant servir de menottes, un pistolet mitrailleur avec un silencieux ainsi que des munitions»  au cours de perquisitions dans les appartements où se sont faites les arrestations en banlieue de Copenhague.

«Nous pensons d'après nos renseignements qu'il s'agit d'un groupe de militants islamistes ayant des liens avec les réseaux terroristes internationaux», a ajouté M. Scharf. Le PET a d'ailleurs évoqué la possibilité «d'autres arrestations» à venir.

L'enquête et les arrestations -quatre au Danemark et une en Suède- ont été menées en étroite collaboration avec le Renseignement suédois (Säpo) qui surveillait depuis des mois ces individus en Suède.

D'après le PET, trois des personnes arrêtées à Copenhague vivaient en Suède et sont arrivées au Danemark dans la nuit de mardi à mercredi. Il s'agit d'un citoyen tunisien de 44 ans, d'un citoyen suédois d'origine libanaise de 29 ans et d'un citoyen suédois d'origine non précisée de 30 ans.

La quatrième personne arrêtée au Danemark est un demandeur d'asile irakien, et celle interpellée à Stockholm est un citoyen suédois d'origine tunisienne âgée de 37 ans, précise le PET.

La police danoise a fait évacuer mercredi soir à Copenhague un immeuble où habitait le demandeur d'asile irakien, selon les médias danois.

Situé dans la banlieue de la capitale, le bâtiment a été vidé de ses habitants vers 21h00 locales après la découverte d'un objet suspect ou d'explosifs, ont indiqué sur leurs sites internet les quotidiens Politiken et Jyllands Posten.

Selon Politiken, aucun résident de l'immeuble évacué n'avait encore été autorisé à rentrer chez lui à minuit et un robot destiné à faire exploser à distance tout objet suspect y a été introduit.

Le groupe était sous surveillance à Stockholm «24 heures sur 24», a déclaré à l'AFP le directeur de la Säpo Anders Danielsson, expliquant que les suspects faisaient partie d'une liste de 200 islamistes partisans de la violence considérés comme actifs en Suède et faisant l'objet d'une surveillance stricte.

Depuis deux mois, la Säpo savait que le groupe tramait un attentat à Copenhague, a dit M. Danielsson.

La difficulté a été de choisir le moment des arrestations, entre la nécessité d'avoir suffisamment d'éléments pour traduire les individus en justice et celle de préserver la population.

«Nous aurions pu les arrêter en Suède mais nous voulions évidemment les prendre aussi près que possible de leur destination finale», a expliqué M. Danielsson.

La capitale suédoise a été frappée il y a moins de trois semaines par un attentat suicide qui n'a fait qu'un mort, le kamikaze qui voulait punir la Suède pour sa présence militaire en Afghanistan et son soutien au dessinateur, Lars Vilks, auteur d'une caricature de Mahomet.

Mais «jusqu'à maintenant, les personnes arrêtées (mercredi) n'ont aucun lien connu avec (le kamikaze) du 11 décembre» à Stockholm, a déclaré à l'AFP la porte-parole de la Säpo, Katarina Sevcik.

Pour M. Scharf, «les arrestations soulignent le poids de la menace terroriste qui pèse sur le Danemark et en particulier sur les institutions et les gens liés à l'affaire des caricatures».

Depuis la publication de douze caricatures de Mahomet qui avaient provoqué de violentes manifestations dans le monde musulman, le Jyllands-Posten, ses responsables et les auteurs des dessins ont été dans le collimateur des islamistes.