Le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko a rejeté lundi les critiques sur sa réélection dimanche, qualifiant de «banditisme» la manifestation violemment réprimée la veille et promettant la prison aux centaines de personnes arrêtées dont sept candidats d'opposition.

L'autoritaire président de cette ex-république soviétique, au pouvoir depuis 16 ans, a obtenu près de 80% des suffrages au premier tour de scrutin, selon les chiffres provisoires de la commission électorale.

Sept des neuf candidats de l'opposition à la présidentielle ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi après la dispersion sans ménagement de milliers d'opposants qui dénonçaient des fraudes massives.

Ils avaient tenté de forcer l'entrée du siège gouvernemental.

Des partis et membres de l'opposition ont fait l'objet de perquisitions dans la nuit de dimanche à lundi à Minsk.

Les Etats-Unis, l'Union européenne, la Pologne, l'Allemagne, l'Italie ont notamment condamné cette répression, alors que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a critiqué le déroulement de l'élection.

«Nous ne pouvons pas accepter comme légitimes les résultats de l'élection présidentielle» au Bélarus, a déclaré le porte-parole du département d'État, Philip Crowley.

«Ce qu'on a essayé de faire hier à Minsk, ce n'est pas la démocratie, c'est du banditisme. Les vandales et les casseurs se sont déchaînés», a pour sa part affirmé M. Loukachenko, lors d'une conférence de presse.

«Tout cela était organisé», a-t-il dit. «Tous vont aller en prison selon la loi», a-t-il ajouté.

Il a indiqué que 639 personnes étaient détenues lundi soir pour leur participation à la manifestation, citant notamment le candidat d'opposition Vladimir Nekliaev.

Selon un proche du candidat Rygor Kastoussev, interpellé dimanche, une enquête a été ouverte pour «organisation de troubles massifs à l'ordre public», un délit passible de 15 ans de prison.

«Il n'y aura pas de révolution au Bélarus», a souligné M. Loukachenko.

«Nous avons fait tout le nécessaire pour que la campagne électorale se déroule honnêtement et dans le strict respect de la législation de notre pays», a-t-il encore dit, critiquant les conclusions de l'OSCE.

«Je ne sais pas ce que nous n'avons pas encore fait au Bélarus pour que les élections correspondent aux normes internationales», a-t-il dit. Ces normes «n'existent pas d'ailleurs», a-t-il ajouté.

La mission d'observation électorale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a estimé dans un communiqué que «cette élection n'a pas permis de donner au Bélarus le nouveau départ dont il avait besoin», estimant que le «décompte des voix manquait de transparence».

L'OSCE a également dénoncé «l'arrestation de la plupart des candidats à la présidentielle, de centaines de militants, de journalistes et de représentants de la société civile», jugeant que Minsk était très loin d'avoir des élections libres.

Une journaliste de l'AFP, Maria Antonova, figurait parmi les personnes interpellées, et a été finalement relâchée en fin de journée lundi.

Les candidats Andreï Sannikov, Vladimir Nekliaev, Nikolaï Statkevitch, Rygor Kastoussev, Vitali Rymachevskiï, Ales Mikhalevitch et Dmitri Ouss, étaient pour leur part toujours en détention.

L'organisation Reporters sans frontières a indiqué qu'une vingtaine de journalistes au total avaient été interpellés, et qu'autant avaient été battus par les forces de l'ordre.

Si les États-Unis et l'UE ont dénoncé la répression et les interpellations, le président russe Dmitri Medvedev a estimé qu'il s'agissait d'«une affaire intérieure au Bélarus».

M. Loukachenko entretient des relations difficiles avec Moscou depuis des mois, alors qu'il tentait d'opérer un rapprochement avec les Occidentaux, ce qui semble être compromis.