L'ex-Premier ministre de l'Ukraine Ioulia Timochenko, passée dans l'opposition, a été inculpée lundi pour «abus de pouvoir» et reste sous contrôle judiciaire à Kiev, a annoncé le parquet général.

«Ioulia Timochenko a été inculpée pour le crime inscrit à l'article 365 du code pénal - abus de pouvoir - qui a entraîné des conséquences graves», déclare le parquet dans un communiqué.

«Mme Timochenko a été interrogée après son inculpation. La sanction judiciaire reste inchangée, elle est assignée à résidence», c'est-à-dire qu'elle n'a pas le droit de quitter Kiev, poursuit le parquet.

Mme Timochenko, 50 ans, est soupçonnée par la justice de son pays dans le cadre d'une enquête judiciaire sur la mauvaise utilisation de près de 300 millions de dollars reçus par Kiev en échange de la vente de ses quotas d'émission de CO2, à l'époque où elle dirigeait le gouvernement.

Les fonds auraient été utilisés par le gouvernement pour combler les besoins du système de retraites.

Si la culpabilité de Mme Timochenko est prouvée, elle encourt de 7 à 10 ans de prison et l'interdiction d'occuper pendant trois ans «certaines fonctions» étatiques.

L'accusation est «absurde», a déclaré Mme Timochenko, citée par son service de presse. «J'ai versé des retraites et ce n'est pas un crime», a-t-elle dit.

«Le président ukrainien (Viktor Ianoukovitch) réprime ainsi son principal concurrent», a-t-elle ajouté.

Aujourd'hui dans l'opposition, Mme Timochenko a dirigé à deux reprises le gouvernement, en 2005 et de décembre 2007 à mars 2010, sous la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko.

M. Iouchtchenko et elle avaient animé la mobilisation populaire qui les avait portés au pouvoir fin 2004. Mais leur alliance avait rapidement périclité, minant les cinq années du mandat de M. Iouchtchenko avec des guerres de clans au sein du camp pro-occidental.

Cette femme élégante de 50 ans, connue pour ses coiffures à tresse traditionnelle, a été renvoyée avec tous ses ministres après la victoire à la présidentielle en février dernier de Viktor Ianoukovitch considéré comme pro-russe. Elle était candidate à cette élection.

En ouvrant son enquête sur cette affaire en avril, le parquet avait fait état de la mauvaise utilisation de 2,3 milliards de hryvnias (presque 290 millions de dollars) perçus par l'Ukraine en 2009 pour la vente de ses quotas d'émission de CO2.

Le président Ianoukovitch avait affirmé en novembre que les fonds reçus de la vente par l'Ukraine de ses quotas d'émission de CO2 non utilisés avaient été «volés» par le régime précédent.

L'équipe du nouveau président a accusé à maintes reprises le gouvernement de Mme Timochenko de détournements et de malversations. Plusieurs anciens hauts responsables ont été écroués.

En mai, le parquet ukrainien a annoncé l'ouverture d'une première enquête pour tentative de corruption de juges de la Cour suprême. Selon les enquêteurs, Mme Timochenko aurait tenté en 2003 de verser un pot-de-vin pour obtenir la libération de proches et d'anciens collaborateurs.