Les électeurs du Bélarus votaient dimanche à l'élection présidentielle que devrait remporter le chef de l'État, Alexandre Loukachenko, qui brigue un quatrième mandat, tandis que l'opposition a déjà dénoncé des fraudes massives et appelé à manifester dès la clôture du scrutin.

Environ sept millions d'électeurs sont appelés à se rendre aux urnes jusqu'à 20H00 heure locale (18H00 GMT) dans cette ancienne république soviétique où dix candidats, un nombre record, étaient en lice.

Vers 14H00 (12H00 GMT), le taux de participation s'élevait à 65,2%, a annoncé la Commission électorale centrale.

Et selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote sept heures avant la fin du scrutin par l'institut bélarusse EKOOM (proche du pouvoir), M. Loukachenko recueille 72,03% des voix, devant Andreï Sannikov (6,33%), un ancien vice-ministre des Affaires étrangères passé à l'opposition. Aucun des huit autres candidats n'est crédité de plus de 5% des voix.

M. Loukachenko, depuis 16 ans à la tête de ce pays charnière situé entre l'Union européenne et la Russie, a été qualifié de «dernier dictateur d'Europe» par l'ancien président américain George W. Bush.

L'opposition a dénoncé des falsifications massives concernant les bulletins de vote des électeurs qui ont voté par anticipation et peuvent représenter jusqu'à 30% des inscrits.

Elle accuse le régime de M. Loukachenko d'y substituer discrètement des bulletins portant tous le nom du président sortant, qui avait été élu avec 83% des suffrages en 2006.

Seuls 0,25% des représentants de l'opposition sont autorisés à siéger dans les commissions électorales et ils ont donc un accès limité au comptage des voix.

En conséquence, sept des neuf candidats de l'opposition ont appelé à manifester dès la clôture du scrutin sur la place d'Octobre, dans le centre de la capitale Minsk, interdite à tout rassemblement électoral et transformée en patinoire géante.

Mais M. Loukachenko a estimé, quant à lui, qu'il n'y aurait pas un tel rassemblement dimanche.

«Ne vous inquiétez pas, il n'y aura personne sur la place ce soir», a-t-il déclaré après avoir voté à Minsk avec son fils de six ans, Nikolaï. «On ne peut absolument pas parler de falsification du scrutin», a-t-il ajouté.

Certains électeurs comme Dmitri Kresnik considèrent qu'il sera difficile de changer de régime, compte tenu des falsifications présumées et de la popularité de M. Loukachenko, notamment auprès des retraités.

«Moi, j'ai voté pour (l'opposant) Iaroslav Romantchouk car il garantit la création de milliers d'emplois et veut réviser la Constitution pour plus de démocratie», a déclaré M. Kresnik à l'AFP, à la sortie d'un bureau de vote de la capitale.

D'un autre avis, Valentina a choisi M. Loukachenko qui, selon elle, garantit l'ordre et la stabilité dans le pays.

La campagne a électorale a été un peu plus libre que celle de 2006, mais les critiques estiment qu'il ne s'agissait que d'un semblant de démocratie qui ne changera rien aux résultats controversés.

Élu en 1994 à la première élection présidentielle du Bélarus indépendant, la seule reconnue démocratique en Occident, M. Loukachenko a été réélu en 2001 et 2006 à l'issue de scrutins entachés d'irrégularités et marqués par la répression des opposants.

Selon l'air du temps, le dirigeant bélarusse s'en prend tantôt à l'Union européenne, accusée fin novembre de mettre son pays «sans arrêt sous pression», tantôt à la Russie, allié traditionnel et grand fournisseur d'hydrocarbures, à laquelle il a reproché de financer ses opposants.