La formation du Premier ministre sortant, Hashim Thaçi, arrive en tête des résultats préliminaires pour les élections législatives de dimanche au Kosovo, a annoncé lundi soir la Commission électorale, mais cela ne lui suffira pas à former seule un gouvernement.

Le Parti démocratique du Kosovo (PDK), de M. Thaçi, a recueilli 33,5% des voix, loin devant son principal concurrent, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), dirigée par le maire de Pristina, Isa Mustafa, qui a obtenu 23,6% des voix, a indiqué devant la presse Valdete Daka, de la Commission électorale.

Le PDK disposera donc du plus grand nombre de députés au Parlement, fort de 120 membres, mais cela ne lui suffira pas pour gouverner à lui tout seul. Il lui faudra trouver des partenaires de coalition.

Le Mouvement Auto-détermination, d'Albin Kurti, qui s'était fait connaître auparavant pour ses actions d'éclat contre la présence étrangère au Kosovo, a recueilli 12,2 % des voix.

L'AAK, la formation de l'ancien Premier ministre kosovar, Ramush Haradinaj, a obtenu enfin 10,8% des voix, a indiqué Valdete Daka.

Ces résultats préliminaires portent sur 99% des bulletins de vote et la participation s'est élevée à 47,5%, a-t-on ajouté de même source.

Les Kosovars étaient appelés dimanche à voter pour des élections législatives, le premier scrutin de ce type depuis la proclamation d'indépendance, en février 2008.

Fort des estimations de deux ONG qui donnaient l'avantage dimanche soir au PDK, M. Thaçi s'était déclaré vainqueur du scrutin dès la nuit de dimanche à lundi. Mais la LDK avait aussitôt dénoncé des fraudes, contestant la victoire de M. Thaçi.

Deux missions européennes d'observation des élections se sont inquiétées lundi d'irrégularités lors du scrutin.

Une députée européenne, Doris Pack, membre de la mission d'observation européenne des élections, a évoqué devant la presse de «sérieuses accusations» de fraude émises au sujet des municipalités de Srbica et Glogovac, dans la région de la Drenica (centre), où le taux de participation a dépassé 90%. Ces localités sont les fiefs de M. Thaçi.

Une autre mission d'observateurs, celle du Réseau européen des organisations d'observation des élections (ENEMO), a constaté également des «violations de procédures et des irrégularités».

Les élections kosovares ont suscité plusieurs réactions à l'étranger.

A Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, et le commissaire chargé de l'Elargissement, Stefan Füle, ont salué «le calme et l'ordre» des élections, tout en plaidant pour la formation d'un nouveau gouvernement «rapidement».

Aux Etats-Unis, le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, s'est félicité de ces élections anticipées, organisées «de façon efficace» en dépit de «sérieuses contraintes dans le temps», mais a appelé les autorités à traiter les «quelques irrégularités sérieuses qui se sont produites».

Le porte-parole a également déploré les «menaces et intimidations» d'origine serbe exercées à l'encontre des Serbes du nord du Kosovo, pour les dissuader de voter.

Le ministère français des Affaires étrangères s'est félicité de «l'importante participation des Kosovars de toutes les communautés, notamment serbe, à ces élections», constituant un «facteur encourageant pour la consolidation du Kosovo».

Les élections législatives ont été marquées par un taux de participation exceptionnel des Serbes dans les enclaves. Le scrutin a été par contre largement ignoré dans le nord.

Vingt sièges du Parlement sur les 120 sont réservés aux minorités, dont dix aux 120 000 Serbes qui vivent au Kosovo, répartis entre différentes enclaves - 80 000 - et le nord, limitrophe de la Serbie - 40 000 -, où ils sont majoritaires.