Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, 74 ans, défié par son ex-allié Gianfranco Fini, a pris le pari risqué d'un vote de confiance mardi au parlement qui, en cas d'échec, fera chuter son gouvernement après deux ans et demi de mandat.

Les pronostics sont tellement incertains que le président Giorgio Napolitano, qui n'a pas de rôle exécutif mais une fonction essentielle en cas de crise, a plaisanté en disant que «seul celui qui possède une boule de cristal» peut prévoir le résultat du vote.

M. Berlusconi prononcera un discours lundi à 08h00 GMT au Sénat puis à la Chambre des députés. Le lendemain à la mi-journée, les deux assemblées voteront presque simultanément: la chambre haute une motion de soutien au gouvernement, la chambre basse deux motions de censure.

Au Sénat, le parti berlusconien Peuple de la Liberté (PDL) et son partenaire de droite Ligue du nord disposent d'une majorité solide alors qu'à la Chambre, M. Fini et 35 députés qui l'ont suivi dans sa rébellion se sont engagés à mettre en minorité M. Berlusconi en votant la motion de centristes menés par Pierferdinando Casini.

«Si l'opposition de gauche (Parti démocrate, PD, et Italie des valeurs, IDV) les centristes et futuristes (pro-Fini, ndlr) maintiennent leur promesse, une nouvelle phase s'ouvrira dont la mise en scène sera le monopole du chef de l'Etat comme le prévoit la Constitution», explique à l'AFP Giacomo Marramao, professeur de philosophie politique à Rome III.

Les commentateurs se perdent en conjectures sur le nombre de députés prêts à voter pour ou contre M. Berlusconi estimant que l'écart sera peut-être seulement d'une voix de majorité. Une dizaine de parlementaires sont jugés tangents.

En attendant, les deux camps se mobilisent. Le PD a fait défiler samedi à Rome des dizaines de milliers de manifestants «pour donner un message de confiance et de changement à l'Italie», selon son chef Pierluigi Bersani.

M. Berlusconi reste lui aussi combatif. Dimanche, des milliers de ses partisans ont participé à des rassemblements de soutien organisés dans une centaine de villes à l'appel du PDL, avec comme mot d'ordre: «Tous avec Berlusconi pour l'Italie».

«Nous disons tous non à (tout responsable) qui aura l'impudence de trahir le vote des citoyens», a déclaré M. Berlusconi dans un message à ses supporteurs. «J'obtiendrai la confiance», a-t-il affirmé.

Contrairement aux heures ayant précédé un vote de confiance le 29 septembre, aucune médiation n'apparaissait possible entre le Cavaliere et M. Fini, son ex-allié, qui a pris ses distances pendant l'été en quittant le PDL.

M. Fini, 58 ans, paraît convaincu que l'heure de la succession a sonné: «Je n'ai pas de boule de cristal, mais je crois que Berlusconi n'aura pas la confiance», a-t-il affirmé dimanche.

Mais si le Cavaliere devait tomber le 14, ses opposants ne savent pas ce qu'ils feraient le lendemain: l'opposition n'est pas prête à des élections législatives anticipées sur l'échéance de 2013, car elle est morcelée et sans leader charismatique. Les finiens ne représentent que 7 à 8% et ne peuvent rien faire seuls, alors que PDL et Ligue restent très soudés.

La balle serait alors entre les mains du président Napolitano, qui s'est dit très attaché à la stabilité du pays dans un contexte de tempête sur l'euro. M. Napolitano a diverses options: former un exécutif soutenu par une nouvelle majorité, à défaut reconduire M. Berlusconi avec une coalition élargie, ou dissoudre le parlement pour un retour aux bureaux de vote.