Les pays de l'Union européenne sont tombés d'accord jeudi à Bruxelles pour accélérer leur coopération dans le domaine de la défense, faute de quoi en raison de budgets militaires en chute libre leurs armées risqueraient d'être dépassées.

Suivant la démarche qui a débouché début novembre sur un accord sans précédent entre la France et la Grande-Bretagne, leurs ministres de la Défense ont dans des «conclusions sur le développement des capacités militaires», «souligné la nécessité de transformer la crise financière et ses conséquences pour les budgets nationaux de défense en une chance à saisir».

Le nouveau ministre français, Alain Juppé, nommé à la mi-novembre, a souligné le «dilemme» pour les Européens. Confrontés à «un monde incertain et dangereux», marqué par «le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive ou les cyberattaques», a-t-il observé, ils sont néanmoins forcés, crise oblige, de baisser leurs budgets militaires partout en Europe.

Pendant ce temps, les pays émergents investissent massivement, la moyenne mondiale étant cette année de +6% de hausse des budgets militaires.

Les 27 participants ont accueilli «avec satisfaction» le texte de trois pages que l'Allemagne et la Suède leur ont adressé en novembre afin de contribuer à la réflexion sur l'«impératif européen» qu'est devenue l'«intensification de la coopération militaire en Europe».

Comme le suggérait ce document, ils «encouragent» dans leurs conclusions leurs pays «à procéder à une analyse systématique de leurs capacités et structures de soutien militaires nationales».

Il s'agit également de procéder «à un recensement des capacités susceptibles d'être mutualisées» et à «une intensification de la coopération» sur celles «qui pourraient donner lieu à une partage des rôles et des tâches».

Même dans les secteurs sanctuarisés qui ne se prêteraient ni à mutualisation ni à partage en raison de leur caractère jugé primordial pour la sécurité nationale des pays concernés, l'objectif, soulignent-ils, est d'«accroître l'interopérabilité», autrement dit la capacité de travailler ensemble des armées européennes.

Ces armées restent encore très disparates malgré l'appartenance à l'OTAN de 21 des pays de l'UE.

Tout en saluant sa propre contribution au débat, les participants ont également convié l'Agence européenne de défense (AED), à «intensifier ses travaux afin de contribuer à identifier les domaines pouvant donner lieu à une mutualisation et à un partage des ressources» de plus en plus réduites à la portion congrue des forces armées européennes.

La formation d'un «groupe de sages» sous l'égide de l'AED est envisagée par les ministres.

La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et de sécurité Catherine Ashton devra alors leur faire un rapport sur l'avancement de ces travaux d'ici à la mi-2011.

M. Juppé s'est félicité que «cette réunion soit la première à se tenir de manière formelle» séparément des chefs de la diplomatie.

«La France y voit un signe de développement de la politique de défense commune», a-t-il dit.

La Grande-Bretagne s'est cependant opposée à une augmentation de 3,9% (1,2 million d'euros) du budget de l'AED, invoquant l'austérité à laquelle elle s'astreint elle-même à domicile. Le budget 2011 de cette institution a été gelé à son niveau de 2010 soit 30,5 millions d'euros.

Même la France qui tient au développement de l'AED, a entériné cette décision «pour parvenir à une solution unanime», a expliqué M. Juppé.

En revanche, il n'a pas été possible de rallier dans l'immédiat tous les pays, notamment l'Italie, à la candidature de la Française Claude-France Arnould proposée par Mme Ashton au poste de directeur exécutif de l'AED. Quelques semaines de consultation supplémentaires seront nécessaires, selon des diplomates.