Quatre mois après leur lancement, les Boris Bikes, fabriqués au Québec, connaissent un succès fou à Londres. Notre journaliste relève quelques comparaisons étonnantes.

Euston Road, lundi matin. Le mercure indique -3 °C. Un froid sibérien pour les Anglais.

Pourtant, les Boris Bikes s'envolent comme des pains chauds devant la gare de King's Cross. «Trois cents bicyclettes sont déjà parties ce matin», explique un employé de la Ville pendant que des usagers attendent devant les points d'ancrage vides.

Ganté et coiffé d'un bonnet de laine, David Selwood n'était pas rebuté par le temps glacial. «Je ne rate jamais ma randonnée au travail, à moins qu'il pleuve des cordes», dit le professeur d'université.

Contre toute attente, le maire Boris Johnson a réussi à convertir les Londoniens au cyclisme. Il a confondu les oiseaux de malheur qui prévoyaient une hécatombe dans la capitale.

Après quatre mois d'exploitation, les chiffres sont loquents : 110 000 abonnés, 1,9 million de trajets et seulement 11 accidents légers. À Montréal, le bilan des quatre premiers mois s'est chiffré à 9800 membres, 735 000 déplacements et moins de 5 incidents.

Précisons que les Londoniens n'avaient pas le choix de s'inscrire en ligne. La location occasionnelle par carte de crédit n'est offerte que depuis le 3 décembre.

Autre fait intéressant, 126 vélos Bixi manquaient à l'appel à Montréal en septembre 2009. Une cinquantaine d'entre eux ont été rendus. À Londres, où le véhicule pèse 3 kg de plus, seulement une dizaine de Boris Bikes ont disparu jusqu'à présent.

Il y a toutefois un hic : 5000 Boris Bikes sont en circulation au lieu des 6000 promis par la Ville.

Résultat, des stations se vident rapidement et des usagers doivent souvent patienter 10 minutes avant de pouvoir enfourcher leur monture. «C'est frustrant. Il faudrait plus de vélos dans les stations», dit Simona, cliente d'origine espagnole.

Ce sera chose faite à la gare de Waterloo, explique le directeur des transports à la mairie, Kulveer Ranger. «Nous installerons d'ici Noël une «superstation» qui pourra contenir 124 vélos», dit-il à La Presse. On ajoutera en outre un millier de vélos d'ici au mois de mars et 2000 autres à temps pour les Jeux olympiques de 2012.

Enfin, le système londonien accuse un « déficit féminin « : seulement 23% des abonnés sont des femmes. À Montréal, la proportion était de 32% en octobre 2009. Elle a bondi à 42% cette année.

Le taux londonien se reflète dans la population : 30% des cyclistes sont de sexe féminin. Pour l'heure, rien n'est prévu pour inciter les Londoniennes à enfourcher les Boris Bikes. Ce ne sont pas les statistiques qui les rassureront. En 2009, 10 des 13 cyclistes qui ont perdu la vie dans la capitale étaient des femmes.