Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a averti que son pays se doterait de nouvelles «forces de frappe» si Moscou et l'OTAN ne parvenaient pas à un accord sur un système commun de défense antimissile, dans une interview à la chaîne américaine CNN.

Si les propositions de la Russie «donnent lieu à des réponses négatives» alors que des menaces supplémentaires apparaissent, «la Russie va devoir assurer sa propre sécurité», a déclaré M. Poutine dans cet entretien avec le journaliste vedette de CNN Larry King.

En conséquence, la Russie serait amenée déployer de nouvelles «forces de frappe», a ajouté M. Poutine, en citant de «nouveaux missiles» et de la «technologie nucléaire», selon des extraits de l'interview qui doit être diffusée mercredi soir aux États-Unis.

«Ce n'est pas notre choix. Nous ne voulons pas que cela arrive», mais c'est ce qui arrivera «si nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord sur des efforts communs dans ce domaine», a-t-il ajouté.

Quelques heures avant la diffusion de l'interview de M. Poutine, le ministère russe de la Défense a souligné que les missiles balistiques RS-24 (code OTAN SS-X-29), que l'armée russe vient de commencer à recevoir, allaient permettre de contourner les systèmes antimissiles.

«L'entrée en services de RS-24 va renforcer la capacité de frappe des forces stratégiques en matière de contournemenet des systèmes de défense antimissile, consolidant ainsi le potentiel de dissuasion nucléaire», a déclaré un porte-parole du ministère, Igor Chevtchenko, cité par l'agence Interfax.

Mardi, le président russe Dmitri Medvedev, avait mis en garde contre une nouvelle course aux armements si la Russie et l'OTAN n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur un système commun de défense antimissile.

Au sommet de Lisbonne le 20 novembre, la Russie et l'OTAN ont décidé d'approfondir leur coopération sur la défense antimissile. M. Medvedev a alors averti que la réponse positive de la Russie à un bouclier en Europe était conditionnée à la qualité de la collaboration entre Moscou et l'Alliance.

Le quotidien américain Wall Street Journal a affirmé fin novembre que M. Medvedev avait fait à l'OTAN une proposition à huis clos, qualifiée de «défense antimissile sectorielle», et selon laquelle Moscou répondrait de l'espace aérien de sa zone, et l'OTAN de celui de l'Europe occidentale.

Mais les dirigeants de l'OTAN ont poliment rejeté la proposition, la renvoyant à l'examen de leurs experts, selon le Wall Street Journal.

À l'issue du sommet de l'OTAN, M. Medvedev a par ailleurs appelé le Sénat américain à faire preuve de «responsabilité» en ratifiant le traité russo-américain de désarmement nucléaire START, mettant en garde contre une «réciprocité» de la position russe.

Une grande partie des républicains au Sénat bloque la ratification du nouveau traité START, signé en avril par les présidents russe et américain à Prague. Le traité prévoit une réduction de 30% du nombre de têtes nucléaires détenues par les deux superpuissances atomiques et des vérifications mutuelles plus transparentes.