Nicolas Sarkozy a dénoncé samedi depuis le sommet de l'Otan à Lisbonne «une polémique qui n'a pas lieu d'être» dans l'affaire de l'attentat de Karachi, promettant que l'État communiquerait tous les documents sur ce dossier «en temps et heure».

«Je n'entretiendrai pas une polémique qui n'a pas lieu d'être», a déclaré M. Sarkozy lors d'une conférence de presse en marge du sommet.

 

«La justice est saisie, qu'elle fasse son travail, voilà. Qu'on n'essaie pas de coller dessus des commentaires politiciens qui ne sont vraiment pas à la hauteur de la douleur des familles qui ont perdu leurs proches. C'est ça la seule chose qui compte», a-t-il ajouté.

«Le ministre de la Défense (Alain Juppé) comme moi-même nous sommes décidés à ce que tous les documents qui sont demandés soient communiqués en temps et en heure. À ma connaissance aujourd'hui, pas un document n'a été refusé», a poursuivi le chef de l'État.

«Le minimum de dignité, c'est de respecter la douleur des familles. Ces familles veulent la vérité. Pourquoi y a-t-il eu ces attentats? C'est ça qui compte et que la justice fasse son travail et naturellement l'État aidera la justice en communiquant tous les documents», a-t-il insisté.

Parmi les documents qui intéressent les juges figurent les échanges entre les membres du Conseil constitutionnel au moment de la validation des comptes de campagne d'Edouard Balladur, en 1995.

À l'époque, les rapporteurs avaient conclu au rejet de ces comptes, dans lesquels apparaissaient de fortes sommes en espèces. Un avis non suivi par le Conseil, alors présidé par Roland Dumas, qui les avait finalement validés.

Le juge Renaud Van Ruymbeke, chargé d'une enquête pour faux témoignage et entrave à la justice dans l'affaire de l'attentat de Karachi, avait sollicité le 25 octobre auprès de Jean-Louis Debré la communication du contenu des échanges entre les Sages.

Mais ce dernier a opposé au juge une fin de non-recevoir, «en raison du secret qui s'attache aux délibérations». Selon lui, seul le gouvernement peut donner accès à ces documents.

Dans ce dossier aux multiples ramifications, la justice soupçonne l'attentat de Karachi en mai 2002, qui avait coûté la vie à 14 personnes dont 11 Français, d'être lié à l'arrêt par Jacques Chirac du versement de commissions promises au Pakistan par le gouvernement Balladur, dont Nicolas Sarkozy était ministre du Budget, en marge de la vente de sous-marins.

Des familles de victimes de l'attentat ont annoncé leur intention de porter plainte contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Elysée.

Vendredi, ce dernier a justifié le choix fait à l'époque par le président français par de «très forts soupçons de rétrocommissions».

Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a aussitôt répliqué, sans toutefois citer le nom de Dominique de Villepin, par un communiqué de deux pages dans lequel il dénonce des «insinuations» visant Nicolas Sarkozy dans une affaire qui ne le «concerne en rien».