Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé mardi sa volonté de réformer la fiscalité et la prise en charge des personnes âgées, priorités du nouveau gouvernement de François Fillon qu'il devrait conserver «sauf imprévu» jusqu'à la fin de son mandat en 2012.

Cette feuille de route a été fixée lors d'un entretien accordé simultanément à trois chaînes de télévision, deux jours après le remaniement de son gouvernement marqué par le maintien du Premier ministre sortant et un resserrement autour des ténors de la droite.

La réforme fiscale qu'il veut élaborer d'ici au printemps 2011 répond à l'impératif, selon lui, de combler le retard de compétitivité avec l'Allemagne.

«Je ne peux pas accepter le déficit de compétitivité avec notre principal partenaire, l'Allemagne», a-t-il déclaré. Il faut «arriver d'ici au printemps 2011 à harmoniser la fiscalité française et la fiscalité allemande», a-t-il précisé.

Pour cela, Nicolas Sarkozy a prôné la création d'un «nouvel impôt sur le patrimoine» pour lequel il est prêt à sacrifier l'une de ses mesures emblématiques, le bouclier fiscal, qui limite à 50% des revenus la taxation des contribuables les plus fortunés.

La disparition de ce bouclier fiscal, qui fait débat en France depuis l'élection du président français en 2007, s'accompagnerait de la suppression de l'actuel impôt sur les grandes fortunes, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Nicolas Sarkozy veut garder la maîtrise de l'agenda politique et a voulu donner très vite le tempo des prochains mois, après le remaniement de son gouvernement et l'adoption dans la douleur d'une réforme très contestée des retraites.

Pour compléter cette réforme, et laisser de son mandat l'image d'un président réformateur, Nicolas Sarkozy essaiera d'ajouter à l'été 2011 un ultime projet, consacré à la prise en charge de la dépendance des personnes âgées.

«Nous allons organiser une grande consultation qui va durer six mois (...) pour voir comment nous pouvons faire face au déficit de financement (de la dépendance) qui est colossal», a-t-il dit.

Le remaniement gouvernemental ouvre une période préélectorale en France qui s'achèvera avec la présidentielle de 2012. Nicolas Sarkozy devrait y défendre son bilan et représenter la droite, selon tous les commentateurs.

Mais il a refusé mardi de faire d'ores et déjà acte de candidature. Il prendra sa décision, a-t-il affirmé, «quelque part à l'automne de l'année 2011».

Au cours de cet entretien télévisé, le président français a justifié ses choix concernant la composition de son cabinet, très critiquée par l'opposition de gauche qui y voit un gouvernement de «fermeture». Les ministres centristes notamment ont été évincés.

«Je reste convaincu qu'il faut s'ouvrir, ce n'est pas un gouvernement partisan, c'est un gouvernement resserré», a-t-il affirmé. «J'ai considéré que François Fillon était le Premier ministre qu'il fallait à la France», a-t-il déclaré, ajoutant qu'«une certaine stabilité est de nature à apaiser un pays qui en a besoin».

Dans l'après-midi, devant l'Assemblée nationale, François Fillon avait indiqué que sa «priorité absolue» resterait «la lutte contre les déficits, la réduction de l'endettement, la réduction de la dépense publique».

Nicolas Sarkozy a également réaffirmé les objectifs de sa présidence du G20, qu'il assure pour un an depuis le 12 novembre. «Il faut un nouveau système monétaire international», a-t-il dit. «On ne peut plus rester dans cette pagaille monétaire», a-t-il ajouté.

Avec cette émission de télévision, Nicolas Sarkozy, très impopulaire, entamait un long travail de pédagogie et de conviction. Selon un sondage publié mardi, 64% des Français ne font «pas confiance» au nouveau gouvernement pour répondre à leurs attentes.