Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a «mandaté» la Ligue du nord, parti populiste et allié-clé, pour une médiation avec les partisans de Gianfranco Fini, dans l'objectif, selon les médias italiens, de repousser au moins d'un mois la chute de l'exécutif.

«Oui je suis mandaté par Berlusconi pour négocier avec Fini et j'ai le mandat de Fini pour négocier avec Berlusconi», a déclaré Umberto Bossi, le chef de la Ligue, en visite avec Berlusconi dans le nord où se sont produites d'importants inondations ces dernières semaines.

Fini a rompu définitivement avec Berlusconi dimanche en appelant à sa démission, menaçant sinon de retirer ses ministres du gouvernement, ce qui obligerait Berlusconi au minimum à un remaniement ministériel, voire à une chute de l'ensemble du gouvernement.

Bossi s'est montré optimiste et a dit «voir une lueur d'espoir», avant d'ajouter visiblement à l'adresse de ses troupes: «il faut lutter pour ramener à la maison le fédéralisme (fiscal), le problème c'est que Fini ne doit pas courir trop vite».

Le leader de la Ligue faisant écho à une mise en garde du président Giorgio Napolitano a estimé indispensable que, pour le moins, le gouvernement actuel adopte le budget 2011, en cours d'examen au parlement, «sinon le pays risque de sauter».

Les journaux de mardi étaient unanimes: la Ligue ne veut pas de législatives anticipées, sur l'échéance normale de 2013, avant d'avoir obtenu l'adoption d'une nouvelle législation sur le fédéralisme fiscal, qui permet aux régions de récupérer les impôts collectés dans leur zone.

«Derrière les déclarations de guerre, il y a un plan secret pour allonger la vie politique du premier ministre: faire une ouverture en direction de l'UDC (centristes) et négocier avec Fini un Berlusconi-bis», selon la Stampa (centre).

Berlusconi et Bossi veulent «conjurer une crise immédiate du gouvernement et gagner du temps. Ils doivent résister au moins jusqu'à décembre, c'est le pacte qu'ils ont souscrit», estime aussi le journal à plus grand tirage Corriere della Sera (centre).

Décembre comporte deux échéances importantes pour les deux alliés. La Ligue compte d'ici Noël avoir fait adopter le dernier décret législatif sur le fédéralisme fiscal. Et Berlusconi espère obtenir l'aval de la Cour constitutionnelle le 14 décembre à la loi sur «l'empêchement légitime» qui, pour le moment, a suspendu les procès à son encontre jusqu'à l'automne 2011.

Selon Repubblica (gauche), Bossi a proposé d'aller parler lui-même avec Fini et, signe d'un début de détente, les ministres et sous-secrétaires d'État proches de Fini auraient décidé de se donner jusqu'à vendredi avant éventuellement de quitter l'exécutif.

Terrain d'entente possible, selon les médias, entre les «finiens» et la Ligue du nord: l'élaboration d'une nouvelle loi électorale, celle en vigueur  avantageant fortement la coalition sortant victorieuse des législatives, et un fédéralisme fiscal garantissant la solidarité entre les régions riches, surtout situées au nord, et celles du sud, souvent beaucoup plus pauvres.