Plusieurs dizaines de militants anti-nucléaires manifestaient samedi après-midi à Dannenberg, dans le nord de l'Allemagne, pour protester contre l'arrivée d'un train de déchets nucléaires rapatriés de France.

Plus de 30 000 personnes, selon les chiffres de la police, étaient rassemblés à Dannenberg, site de la principale manifestation. On ne déplorait pas d'incidents. Le train spécial transportant 123 tonnes de déchets radioactifs vitrifiés avait quitté vendredi après-midi le terminal ferroviaire Areva de Valognes (Manche), à destination de Görleben, à quelque 1500km de là.

Selon le ministère français de l'Intérieur, le convoi placé sous la protection de forces mobiles et de moyens héliportés a atteint la frontière allemande au pont de Kehl samedi à 13h55. Le parcours du train, non dévoilé par Areva, a été émaillé de manifestations de militants écologistes, qui l'ont notamment bloqué pendant trois heures à Caen vendredi. Cinq manifestants se sont enchaînés aux rails à l'aide de tubes, que les policiers à bord du train ont sectionnés avant d'interpeller les militants.

Un important dispositif policier allemand était mobilisé pour faire face aux manifestants qui dénoncent la décision du gouvernement de la chancelière Angela Merkel de reporter de douze ans en moyenne la fermeture des 17 centrales nucléaires allemandes.

Le voyage du train spécial devait prendre fin dans l'après-midi à Dannenberg, où les déchets devaient ensuite être transférés par la route vers le site de Görleben, un entrepôt non adapté pour un tel stockage selon les militants écologistes français et allemands. «Ce qu'il faut dire à Angela Merkel, c'est que c'est un Tchernobyl sur roues», a lancé aux manifestants Kumi Naïdoo, directeur général de Greenpeace International. «Nucléaire, non merci», proclamaient notamment les banderoles des manifestants.

«La résistance des gens de Görleben envoie un message précieux à ce gouvernement et ceux d'autres pays. Nous ne plierons pas devant un gouvernement agissant pour les intérêts de l'industrie nucléaire et contre ceux de ses propres citoyens», a-t-il ajouté.

Pour le réseau Sortir du Nucléaire, ce «train d'enfer» est «l'un des convois de déchets les plus radioactifs de l'histoire». Selon le collectif, «la radioactivité totale de ce convoi (soit 3917,4 millions de milliards de becquerels) représente deux fois celle dégagée par la catastrophe de Tchernobyl» en Ukraine en 1986.

Areva, par la voix de son porte-parole Christophe Neugnot, avait assuré de son côté que «ce onzième retour de déchets vitrifiés à l'usine de La Hague était un convoi comme les autres, avec les mêmes précautions de sûreté et de sécurité qu'impose un tel convoi».

Plusieurs centaines de kilomètres séparent Kehl de Dannenberg, et la police allemande a annoncé avoir évacué plusieurs centaines de militants qui tentaient de s'opposer à la progression du convoi.