Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a tenté de rebondir politiquement jeudi en dénonçant comme des «attaques indignes» des révélations de presse sur ses frasques présumées avec des escortes et a martelé sa détermination à rester au pouvoir.

«Je reste, malgré les attaques quotidiennes infondées à mon encontre, et je resterai tant que les Italiens m'apporteront leur soutien», a déclaré M. Berlusconi lors d'une réunion à Rome de la direction nationale de son parti, le Peuple de la liberté (PDL).

À propos de ses frasques sexuelles présumées qui font la Une des journaux depuis une semaine avec les déclarations d'escortes et de Ruby, une jeune Marocaine, M. Berlusconi a dit faire l'objet «d'attaques indignes et abjectes».

«Le gouvernement a les soutiens suffisants (au parlement, ndlr) pour continuer», a poursuivi M. Berlusconi.

Il s'est une nouvelle fois engagé à réaliser les réformes promises à son retour au pouvoir en 2008, en commençant par celle des impôts et le fédéralisme pour accroître encore l'autonomie des régions.

Démissionner avant de les mener à bien, ce qui entraînerait une chute du gouvernement, «serait un véritable acte d'irresponsabilité que les Italiens ne comprendraient pas», a-t-il martelé.

Il a aussi lancé un message à son ex-allié Gianfranco Fini, qui a quitté le PDL fin juillet et a créé un nouveau mouvement, Futur et Liberté pour l'Italie (FLI), suivi par 37 députés et 10 sénateurs. Cette dissidence signifie qu'il n'a plus de majorité absolue garantie à la Chambre des députés et doit négocier avec FLI pour faire adopter des lois.

Si FLI devait lui retirer son appui et «si la majorité devait chuter, il faudrait retourner aux urnes», selon M. Berlusconi. Selon lui, toute autre solution telle qu'un «gouvernement de transition», comme l'ont proposé l'opposition de gauche et des centristes, serait «une conjuration».

Politologues et commentateurs s'accordent à dire que même si l'Italie vit un «climat de fin de règne» et de «crépuscule politique», aucun parti ne souhaite aujourd'hui des législatives anticipées avant l'échéance de 2013.

Plusieurs ministres présents à la réunion du PDL ont pris la défense de leur chef de file. Pour Gianfranco Rotondi, ministre de la Mise en oeuvre du programme gouvernemental, «la législature reprend de l'altitude, Berlusconi relance le PDL (...) C'est le gouvernement qui peut vraiment changer l'Italie».

«Les campagnes de dénigrement fondées sur le mensonge ne m'arrêteront pas», a assuré M. Berlusconi à propos des récents scandales.

Il se référait notamment à ce qu'on appelle en Italie «le Rubygate», avec une enquête ouverte par le parquet de Milan (nord) pour incitation à la prostitution de mineure contre l'ex-hygiéniste dentaire de M. Berlusconi devenue conseillère régionale du PDL, un agent de starlettes et un présentateur de télévision grand ami de M. Berlusconi.

Ils sont soupçonnés d'avoir organisé, notamment pour M. Berlusconi, 74 ans, dans sa résidence d'Arcore près de Milan, des fêtes avec des jeunes femmes rémunérées 5000 euros (7000$) la soirée, dont Ruby (Karima El Mahroug), mineure à l'époque.

Surtout, M. Berlusconi a été accusé d'abus de fonction par l'opposition pour avoir appelé la préfecture de police de Milan fin mai afin de faire libérer Ruby, alors qu'elle était interrogée dans un commissariat pour un vol.

Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, dont dépend la police, sera entendu au parlement à ce sujet mercredi.

L'autre affaire concerne Nadia Macri, 28 ans, qui a raconté à des magistrats avoir reçu 10 000 euros (14 000$) pour des relations intimes avec M. Berlusconi dans sa résidence sarde pendant des fêtes pimentées de marijuana où elle aurait croisé des mineures.