Washington veut coopérer avec Moscou pour mettre en place un bouclier antimissile en Europe, a indiqué mercredi un haut responsable du Département d'État à quelques semaines d'un sommet de l'OTAN qui doit débattre du projet.

«Il est absolument clair que nous voulons faire cela en coopération avec la Russie», a assuré Philip Gordon, secrétaire d'État adjoint aux Affaires européennes, lors d'une rencontre avec des journalistes à Berlin.

Le président russe Dmitri Medvedev doit participer au sommet de l'OTAN qui se tient à Lisbonne du 19 au 20 novembre.

«La Russie est confrontée aux mêmes menaces potentielles que l'Europe», notamment en ce qui concerne des missiles tirés du Proche-Orient, voire d'Iran», a déclaré M. Gordon qui effectue une tournée européenne.

Le projet de bouclier de l'OTAN «n'est en aucune manière dirigé contre la Russie», a-t-il ajouté.

Washington est prêt à coopérer avec la Russie sur le sujet et a déjà proposé «de reprendre les exercices de défense contre les missiles de théâtre avec la Russie», selon M. Gordon.

Mais «il y a beaucoup d'autres options possibles à envisager si la Russie signale qu'elle est prête à participer» au projet, a-t-il ajouté.

La Russie est prête à discuter du projet, mais veut avoir son mot à dire dans son élaboration, avait affirmé le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov dans une interview paru lundi dans le magazine allemand Der Spiegel.

«Le plus important pour nous c'est d'abord de définir ce que sont les vrais dangers pour l'Europe. Et deuxièmement, c'est de voir la Russie traitée sur une pied d'égalité comme participant» au projet, a affirmé M. Serdioukov.

«C'est seulement ainsi qu'on peut mettre en place une défense antimissile qui satisfasse tout le monde», a-t-il ajouté.

Interrogé sur la proposition du président Medvedev, l'an dernier, de négocier un nouveau traité de sécurité européenne, M. Gordon a estimé que le sujet n'était pas d'actualité.

«Nous ne pensons pas qu'un traité soit nécessaire ou pratique», a-t-il affirmé.

Le négociation d'un tel traité par une cinquantaine de pays «ne constituerait pas l'emploi le plus judicieux de notre temps», a-t-il déclaré, ajoutant: «essayons d'éviter les débats théologiques pour nous concentrer sur des projets pratiques».