L'Union européenne envisage d'assouplir sa position de fermeté vis-à-vis de Cuba et a chargé sa chef de la diplomatie d'étudier les moyens d'améliorer les relations avec le régime castriste, après les récentes libérations de prisonniers politiques sur l'île.

La Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, a été chargée lundi par les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Luxembourg d'étudier une révision de la politique des 27 décidée en 1996 à l'égard du régime communiste, selon une source diplomatique.

Cette politique, dite «Position commune», empêche une normalisation des relations avec l'île communiste sans amélioration sur place des droits de l'Homme et de progrès de la démocratie. Un dialogue existe depuis 2008 mais il reste très limité.

Il s'agit «d'explorer les moyens d'essayer de progresser» sur cette question, a précisé la source diplomatique européenne.

Mme Ashton a l'intention de dresser le bilan de ses efforts en décembre, à l'occasion d'une nouvelle réunion des ministres européens des Affaires étrangères, selon cette source.

L'UE pourrait par exemple explorer la possibilité de négocier un accord bilatéral avec Cuba. Des contacts avec les autorités cubaines devraient avoir lieu «à divers niveaux» dans les prochaines semaines, selon une source diplomatique.

Les efforts réalisés au niveau bilatéral ces derniers mois par le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos - remplacé la semaine dernière par Trinidad Jimenez - ont montré que Cuba était «prêt à s'engager, à faire un bout de chemin dans notre direction, et maintenant nous avons besoin de porter cette atmosphère positive à un niveau européen», estime une source diplomatique.

«Il est temps de forger un nouveau dialogue, une nouvelle relation entre l'UE et Cuba», a estimé lundi Mme Jimenez.

Vendredi, Mme Ashton, a salué via sa porte-parole les nouvelles libérations annoncées la veille à La Havane, le jour de l'attribution par le Parlement européen du prix Sakharov de la liberté de penser au dissident Guillermo Farinas.

Le gouvernement cubain a donné son feu vert en juillet à la libération sur quatre mois de 52 membres du groupe de 75 dissidents condamnés en 2003, suite à une mission de l'Église catholique.

Trente-neuf prisonniers politiques sont déjà sortis de prison et ont émigré vers l'Espagne. Mais 13 autres refusent de s'exiler.

La décision d'assouplir la relation de l'UE avec Cuba a été prise lundi malgré des réticences de plusieurs pays, ceux d'Europe de l'Est notamment qui ont vécu sous le joug communiste avant la chute du rideau de fer et se méfient particulièrement du régime castriste.