Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a mis en garde vendredi à Berlin contre de nouvelles révélations par le site internet WikiLeaks, auquel la presse prête l'intention de publier très prochainement des milliers de documents secrets sur la guerre en Irak.

«De telles fuites sont très regrettables et pourraient avoir de conséquences très négatives en matière de sécurité pour les personnes concernées», a déclaré M. Rasmussen, interrogé sur la question lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel.

«Des fuites pourraient mettre la vie de soldats et de civils en danger», a-t-il ajouté. Il a toutefois indiqué ne pas être en mesure de se prononcer en détail sur l'impact que pourrait avoir les prochaines révélations.

Wikileaks a annoncé lundi qu'il s'apprêtait à publier des documents, mais sans préciser lesquels.

«Je peux juste dire que WikiLeaks va publier quelque chose très bientôt», a annoncé d'Islande Kristinn Hrafnsson, porte-parole de WikiLeaks, mais sans vouloir confirmer qu'il parlait bien des documents sur l'Irak.

Un message diffusé jeudi sur la plateforme de microblogue Twitter a annoncé la tenue prochaine d'une conférence de presse de WikiLeaks sans plus de précision: «importante conférence de presse de WikiLeaks en Europe à venir».

«Nous ne faisons pas de commentaire concernant les sujets sur lesquels nous travaillons et nous ne donnons pas de dates précises» concernant la publication de ces informations, a dit à l'AFP Kristinn Hrafnsson, proche collaborateur du fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

«Nous n'avons jamais dit que nous publierions quelque chose sur l'Irak», avait auparavant assuré WikiLeaks sur Twitter.

Le Pentagone, qui a annoncé il y a une semaine avoir mobilisé 120 personnes pour évaluer les conséquences possibles de la diffusion des documents, a demandé lundi aux médias de «ne pas faciliter la fuite» des documents sur l'Irak.

«Les médias doivent être mis en garde. Ils ne devraient pas faciliter la fuite de documents classés (secret) que l'organisation peu recommandable qu'est WikiLeaks» compte mettre en ligne sous peu, a expliqué le colonel Dave Lapan, un porte-parole de l'armée américaine.

En aidant le site, les médias «offrent un vernis de légitimité à WikiLeaks», a-t-il estimé.

Selon le colonel Lapan, les documents proviennent d'une base de données située en Irak qui contenait «des actes importants, des rapports faits par des unités (sur le terrain), des rapports tactiques, des choses de ce type».

Par le passé, des organisations de défense des droits de l'homme ont de leur côté demandé à WikiLeaks d'effacer les noms d'Afghans aidant les forces américaines dans les documents publiés sur l'Afghanistan.

Le site WikiLeaks, fondé en 2006 et spécialisé dans le renseignement, a déjà diffusé de très nombreux documents confidentiels jetant une lumière crue sur les guerres en Irak et en Afghanistan, avec des révélations notamment sur les victimes civiles et sur les liens supposés entre le Pakistan et les insurgés.

WikiLeaks doit également prochainement publier près de 15 000 documents confidentiels supplémentaires sur la guerre en Afghanistan, après en avoir publié 77 000 en juillet, provoquant une tempête médiatique et la fureur du Pentagone.

Les États-Unis et l'OTAN ont déployé 150 000 hommes en Afghanistan pour combattre l'insurrection qui a commencé peu après le renversement du régime taliban fin 2001.