Le gouvernement britannique a défendu jeudi son plan d'austérité d'ampleur sans précédent dévoilé la veille, rejetant les  nombreuses accusations d'injustice, alors que le pays commençait à peine à prendre la mesure des lourds sacrifices à venir.

Le ministre des Finances, George Osborne, a martelé sur les ondes des radios et télévisions que la réduction du déficit record dont avait hérité son gouvernement était «inévitable» et a défendu ses «choix difficiles» consistant notamment à réduire drastiquement les allocations sociales.

«Nous avons pris des mesures pour sortir le Royaume-Uni d'une zone de danger financière», a-t-il plaidé.

«J'ai fait un choix conscient, en décidant de maintenir les dépenses de santé et d'éducation», au détriment des allocations sociales, et «je pense que ce sont des décisions justes», a ajouté le chancelier de l'Échiquier (titre officiel du ministre).

M. Osborne avait détaillé mercredi un plan d'austérité qui entraînera la suppression de près de 500 000 emplois publics et des coupes drastiques dans les dépenses sociales.

Ce plan -considéré comme le plus sévère des grands pays de l'Union européenne- vise à réaliser 81 milliards de livres (environ 131 milliards de dollars) d'économies en moins de cinq ans, auxquels s'ajouteront 30 milliards de livres (48 milliards de dollars) de hausses d'impôts, pour ramener le déficit britannique à 1,1% du PIB en 2015 contre 10,1% cette année.

Au lendemain de ces annonces chocs, dont les effets ne se feront sans doute vraiment sentir que l'an prochain, les reproches pleuvaient de toutes parts, le gouvernement se voyant accusé par la presse et de nombreux commentateurs d'avoir «manié la hache» aveuglément, en imposant les sacrifices les plus importants aux ménages les moins aisés.

Le parti travailliste, relégué dans l'opposition depuis sa défaite cuisante aux élections législatives de juin, a ainsi dénoncé une «stratégie de la terre brûlée».

De son côté, l'Institut d'études budgétaires (IFS), un centre de réflexion indépendant, a qualifié le plan d'austérité de «régressif», dans la mesure où les ménages les moins aisés seront touchés plus durement que les plus riches, selon ses calculs.

M. Osborne a rejeté catégoriquement ces reproches, assurant que tout le monde était mis à contribution, et que les ménages les plus riches seraient les plus durement frappés.

Il a par ailleurs reçu le soutien des libéraux démocrates, partenaires de coalition des conservateurs au sein du gouvernement de David Cameron. Les «lib-dems» ont serré les rangs en assurant que les coupes budgétaires étaient «les plus justes possibles».

La presse a souligné quant à elle le bouleversement historique qu'entraînera la chute des dépenses publiques et le repli spectaculaire de l'État providence.

Parmi les quotidiens proches des conservateurs, le Telegraph saluait un «ensemble de mesures intelligent, méthodique et courageux», tandis que le Sun se félicitait que le chancelier ait «botté les fesses de la Grande-Bretagne» en sonnant le glas de la «culture de l'assistanat».

Mais le Guardian (centre-gauche) s'offusquait du cynisme d'un gouvernement «qui contenait difficilement sa joie» d'avoir imposé au pays une cure d'austérité que Margaret Thatcher n'aurait pas tentée «même en rêve».

Les syndicats se sont quant à eux engagés à mobiliser la population en vue de s'opposer à ces coupes, mais sans concrétiser leur menace d'organiser des grèves massives.