Le président français Nicolas Sarkozy a assuré mercredi que la réforme des retraites irait à son terme, en dépit d'une très forte contestation parfois entachée de violences, et a ordonné le déblocage de tous les dépôts pétroliers du pays, mettant en garde contre une paralysie.

«J'ai donné hier des instructions pour débloquer la totalité des dépôts de carburant afin de rétablir au plus tôt une situation normale», a déclaré Nicolas Sarkozy au conseil des ministres, alors que dans la nuit, les forces de l'ordre sont intervenues dans trois dépôts dans l'ouest du pays.

Les 12 raffineries françaises sont paralysées et plusieurs dépôts de carburant bloqués, parfois de manière temporaire, dans des actions qui sont devenues le principal moyen de pression dans le cadre de la contestation contre la réforme qui prévoit de reculer l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.

La France a été encore contrainte d'importer des quantités massives d'électricité mercredi, en raison des baisses de production décidées par les grévistes et de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour maintenance. Un ralentissement de l'activité a été signalé mardi dans la restauration, le commerce de détail, le bâtiment ou les travaux publics, en raison des pénuries de carburant.

«S'il n'y est pas mis un terme rapidement, ces désordres qui cherchent à créer la paralysie du pays pourraient avoir des conséquences en termes d'emploi en détériorant le déroulement normal de l'activité économique», a mis en garde le président.

À deux jours des vacances de la Toussaint, un quart des 12 300 stations-service du pays étaient en rupture totale de carburant et 1700 autres en difficulté d'approvisionnement sur un ou plusieurs produits, selon les autorités.

Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a toutefois assuré mercredi que la situation du carburant en France «serait à nouveau normale d'ici deux à trois jours».

En dépit d'une très forte mobilisation mardi, lors de la sixième journée d'action nationale depuis la rentrée, le chef de l'État a répété que la réforme des retraites irait «à son terme».

Les syndicats doivent se réunir à nouveau jeudi pour décider d'une nouvelle journée d'action, qui pourrait avoir lieu mardi ou jeudi prochain.

La CGT, un des principaux syndicats, a annoncé mercredi soir qu'elle allait proposer l'organisation de «nouvelles mobilisations comportant grèves et manifestations interprofessionnelles, unitaires, le plus rapidement possible».

Mardi, entre 1,1 et 3,5 millions de personnes, selon les sources, ont défilé dans les rues, et le mouvement continue à bénéficier d'un large soutien de l'opinion, selon plusieurs sondages.

Près d'un millier de lycéens ont manifesté dans une ambiance festive mercredi devant le Sénat, où la réforme a été discutée jusqu'au petit matin et où les présidents des groupes de gauche ont demandé solennellement au président de suspendre le débat et d'ouvrir une «très large concertation». Sans surprise, le ministre du Travail Éric Woerth a répondu que les débats ne seraient pas suspendus.

De son côté, le centriste François Bayrou a aussi appelé Nicolas Sarkozy, qui l'a reçu à l'Élysée, à «entendre» les manifestants, notamment les jeunes.

Selon le ministère de l'Éducation, 178 lycées étaient bloqués mercredi (4% des établissements). Les actions lycéennes ont été parfois marquées par des débordements violents, essentiellement du fait de jeunes casseurs extérieurs aux établissements dont plus de 1400 ont été arrêtés en une semaine selon le ministère de l'Intérieur.

Le trafic ferroviaire restait perturbé, mais moins que la semaine dernière. Trois trains à grande vitesse sur quatre en moyenne devaient être assurés jeudi au départ et à l'arrivée de Paris, environ un train sur deux en province. Un peu partout, des barrages filtrants ont gêné la circulation.