Alors que le mouvement social s'est amplifié cette semaine contre le report de l'âge légal de la retraite, Nicolas Sarkozy a défendu jeudi la nécessité de réformer, dénonçant «l'immobilisme» comme la «pire des injustices», à l'occasion d'un déplacement en Aquitaine.

Le chef de l'État était accompagné pendant cette visite par le maire de Bordeaux Alain Juppé, qui ne cache pas ses ambitions gouvernementales dans le cadre du remaniement annoncé pour les prochaines semaines.

«Je ne suis pas un obsédé de la réforme mais j'ai la responsabilité de conduire la cinquième économie du monde, dans un monde qui bouge», a déclaré le président à la fin d'un discours sur le site du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) près de Bordeaux, à l'occasion du 50ème anniversaire de la découverte du laser. «Notre pays ne peut pas rester immobile, nous n'avons plus les moyens d'attendre pour décider, nous ne pouvons plus mettre la poussière sous le tapis».

«Nous ne pouvons pas fermer les yeux devant les déficits et les retards qui sont les nôtres», a insisté Nicolas Sarkozy. «Notre devoir, c'est d'agir, d'agir dans l'intérêt général, d'agir avec justice, mais d'agir». Et de conclure: «Je crois que la pire des injustices, c'est l'immobilisme, celui qui consiste à conserver des injustices qui ne sont à mes yeux pas plus légitimes parce qu'elles sont anciennes».

À l'issue de la visite, le maire de Bordeaux Alain Juppé a à son tour défendu la réforme des retraites, reprenant à son compte la rhétorique gouvernementale sur le sujet. «Il faut être très attentif à ce que disent les Français (...) mais il faut aller au bout de la réforme», a plaidé l'ancien premier ministre. «Je pense qu'elle est absolument nécessaire, qu'elle est équilibrée, qu'elle a été améliorée par le débat à l'Assemblée nationale et qu'elle l'est dans le débat au Sénat. Il faut aller de l'avant et boucler la réforme».

Alain Juppé a fait le trajet depuis Paris avec Nicolas Sarkozy dans l'avion présidentiel, une faveur interprétée comme un signe de rapprochement entre les deux hommes, à l'approche du remaniement gouvernemental. «Je n'ai aucun commentaire là-dessus», a déclaré M. Juppé. «Je vous laisse interpréter les signes, c'est une science qui n'est pas exacte», a-t-il plaisanté devant les journalistes.

Alain Juppé avait été brièvement ministre de l'Ecologie du gouvernement de François Fillon en 2007, juste après l'élection de Nicolas Sarkozy, avant d'annoncer sa démission un mois plus tard suite à sa défaite aux législatives. Depuis plusieurs semaines, son nom est régulièrement cité comme candidat à un poste de ministre dans le cadre du remaniement qui doit intervenir d'ici fin novembre.