Année après année, la vaste majorité des cas d'euthanasie en Belgique surviennent... chez des Flamands. Personne ne sait pourquoi. Mais la proportion est trop forte, et la tendance trop systématique pour être simplement le fruit du hasard.

Marc Englert, membre de la Commission belge pour le contrôle et l'évaluation de l'euthanasie, ne peut avancer que des hypothèses pour expliquer cet écart.

Les Pays-Bas toléraient l'euthanasie depuis au moins 30 ans avant d'adopter la loi de 2002. Or, les Flamands sont culturellement proches des Néerlandais et manifestaient peut-être donc déjà une ouverture face à cette pratique, avance-t-il.

La religion y est peut-être aussi pour quelque chose. «Les Pays-Bas sont un des pays les plus laïques, et l'opposition à l'euthanasie y est la plus faible», dit-il - une tendance qui déteint forcément du côté flamand de la Belgique.

Mais peut-être aussi que les Flamands sont des gens plus rationnels, plus décidés, plus prêts à passer à l'acte que leurs compatriotes wallons? La question est sans réponse. Mais il y a là certainement matière à réflexion pour les Québécois, peuple habitué au phénomène des deux solitudes...

Le modèle de l'Oregon

Au départ, l'éthicien médical Raphaël Cohen-Almagor, de l'Université de Hull, en Grande-Bretagne, était favorable à l'euthanasie. Puis, il s'est rendu aux Pays-Bas pour achever un livre sur ce sujet. Et... il a changé d'opinion.

Il est toujours d'accord avec la majorité des cas d'euthanasie, ceux qui concernent les cancéreux en phase terminale. «C'est pour eux que la loi a été conçue», dit-il.

Mais en même temps, il trouve que le modèle néerlandais permet des dérapages. De nombreux patients comateux sont euthanasiés alors qu'ils sont incapables de donner le feu vert au moment fatal, par exemple.

Il a un conseil à donner aux Québécois qui discutent actuellement de la question de l'euthanasie. «Si vous voulez suivre un modèle, prenez celui de l'Oregon.»

Au lieu de l'euthanasie, cet État américain autorise le suicide assisté. Un patient très malade, qui souhaite abréger ses souffrances, peut mettre fin à ses jours sous supervision médicale. «C'est la seule façon d'éviter les abus», affirme Raphaël Cohen-Almagor.