Les autorités hongroises s'efforçaient mercredi de contenir la pollution de boue rouge toxique qui menace l'écosystème autour du Danube et a dévasté plusieurs villages dans l'ouest de la Hongrie.

Deux jours après la catastrophe écologique, qui a déjà fait quatre morts, dont une petite fille de 14 mois, plus de 120 blessés, trois personnes étant toujours portées disparues, les pompiers essayaient de ralentir la propagation du flux toxique dans les rivières. Ainsi, ils installaient des barrages et déversaient des tonnes de plâtre pour tenter de dissoudre la boue. La pollution pourrait atteindre plus tard dans la soirée la rivière Raab, qui est un affluent direct du Danube, selon les experts.

«Nous sommes confiants dans le fait que les particules toxiques n'atteindront pas le Danube», a toutefois affirmé le ministre de l'Intérieur, Sandor Pintér, lors d'une conférence de presse à Budapest. Une position appuyée par un responsable du service des eaux en début de soirée.

«Si nos calculs sont bons, quand les boues atteindront le Danube, la contamination sera retombée à un niveau acceptable», a déclaré à l'AFP Emil Jenak.

Les autorités et l'organisation écologiste Greenpeace font des prélèvements pour étudier la dangerosité de la pollution pour la faune et la flore. Les pays riverains du Danube au sud de la Hongrie, notamment la Serbie, la Croatie et la Roumanie, font de même.

D'ores et déjà, des centaines de poissons morts flottent dans les rivières et une grande partie de la végétation de la région a été anéantie, vraisemblablement pour des années, a indiqué le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Le gouvernement hongrois avait déclaré mardi l'état d'urgence dans trois départements de l'ouest du pays après un accident industriel lundi dans une usine de bauxite-aluminium de la ville d'Ajka (160 km à l'ouest de Budapest).

Un réservoir s'est rompu et a déversé quelque 1,1 million de mètres cubes de boue rouge toxique sur les sept villages avoisinants.

Quelque 500 personnes, pompiers et volontaires, participaient mercredi aux opérations de nettoyage.

«Nous savons déjà que 10 hectares ont été submergés par la boue rouge, causant des dommages importants dans 40 maisons à Kolontar, 244 à Devecser et 14 à Somlovasarhely», a détaillé Sandor Pintér.

La société MAL, propriétaire de l'usine et qui rassemble un groupe d'investisseurs privés, est sur la sellette. L'usine d'Ajka, construite en 1943, est très ancienne, selon le site internet de MAL. Elle avait été rachetée par MAL dans les années 90 après la chute du régime communiste.

Le secrétaire d'État à l'Environnement, Zoltan Illés, s'est dit «persuadé» que la cause de l'accident était la surcharge des réservoirs.

Selon lui, le nettoyage et la reconstruction des villages pourraient prendre des mois, voire un an. Les coûts «pourraient atteindre des dizaines de millions d'euros», a-t-il ajouté. MAL devra payer et, si elle n'a pas les moyens suffisants, une contribution du gouvernement ou une demande d'aide à l'Union européenne sont envisagées.

Le directeur de MAL insistait mercredi pour reprendre rapidement la production. L'entreprise ne peut survivre «qu'un mois avant de perdre toute sa clientèle», a affirmé Zoltan Bakonyi. L'usine emploie 1100 personnes et se trouve être l'unique employeur dans une région plutôt pauvre, a-t-il dit dans un entretien radiophonique.

Dans le village de Kolontar, dont étaient originaires les quatre victimes, le maire, Karoly Tily, a décrété une journée de deuil. MAL a annoncé prendre à sa charge le coût des obsèques des victimes.

Les habitants de Kolontar devaient participer mercredi soir à une réunion au village pour discuter, entre autres, des dédommagements et des garanties de sécurité, beaucoup vivant désormais dans la crainte d'une seconde inondation.