Les syndicats français espèrent mobiliser samedi dans des manifestations contre la réforme des retraites autant de monde que pour la journée de grève du 23 septembre, misant sur une «nouvelle population» notamment familiale, pour faire reculer Nicolas Sarkozy jusqu'ici inflexible.

«L'objectif est de faire le même niveau, mais on aura une nouvelle population qui viendra plus en famille. Le gouvernement doit être très, très attentif», a déclaré vendredi François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT (principal syndicat en nombre d'adhérents).

Déjà voté par les députés, le projet de loi qui prévoit entre autres le passage de 60 à 62 ans de l'âge minimum de départ à la retraite, doit commencer à être examiné par le Sénat, la chambre haute du parlement, à partir du 5 octobre.

M. Chérèque a dit attendre «entre deux ou trois millions» de personnes pour la journée de manifestations, la première à être organisée un samedi et pour laquelle les syndicats n'ont pas appelé à la grève.

D'après lui, «les personnes qui ne peuvent pas venir manifester en semaine parce qu'elles travaillent dans les petites entreprises et n'ont pas les moyens de s'arrêter, seront dans la rue».

Les chiffres de la mobilisation du 23 septembre avaient été au centre d'une bataille entre le gouvernement et les syndicats: mobilisation en hausse à 3 millions de manifestants selon le syndicat CGT, en baisse à un million selon la police.

Pour mettre fin aux polémiques sur le nombre de manifestants, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a proposé vendredi au gouvernement de «laisser les médias survoler et filmer les défilés».

Au total, la CGT a recensé 229 manifestations prévues dans tout le pays, soit un nombre équivalent à celui enregistré le 23 septembre.

Au lendemain de cette journée de grève, le premier ministre François Fillon avait opposé un «non ferme et tranquille» aux manifestants, estimant que le projet de loi, considéré comme la réforme phare du mandat du président Sarkozy, «est nécessaire et raisonnable».

Jeudi, le chef de l'Etat a déclaré que les Français n'auraient «pas de soucis à se faire» pour leurs retraites une fois la réforme passée.

L'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a qualifié vendredi ces déclarations de «mensonge absolu». «J'espère qu'il y aura du monde» samedi parce que «la réforme que propose le gouvernement est totalement injuste, mais en plus elle est inefficace», a-t-il déclaré.

Les syndicats ont déjà prévu une «nouvelle journée massive» de grève et de manifestations le 12 octobre.