Les services de renseignements de plusieurs pays occidentaux ont mis au jour un plan présumé d'Al-Qaïda qui vise à frapper simultanément la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, selon divers médias anglais et américains, des informations partiellement confirmées hier par des responsables, mais que les gouvernements concernés ont cherché à minimiser.

L'organisation terroriste aurait l'intention de déployer dans plusieurs villes des commandos meurtriers comme celui qui avait frappé Bombay, en Inde, en novembre 2008, d'après des sources anonymes citées par la presse anglo-saxonne.

Des hommes lourdement armés d'origine pakistanaise avaient alors attaqué plusieurs lieux touristiques et culturels, tuant 163 personnes et en blessant plus de 300 autres.

Des médias allemands rapportent que les informations relatives à ce complot -présenté par la BBC comme le plan d'attaque «le plus sérieux» d'Al-Qaïda depuis plusieurs années- proviendraient d'un ressortissant allemand appréhendé en Afghanistan l'été dernier. Il serait toujours détenu sur la base américaine de Bagram, près de Kaboul.

Selon CNN, les autorités américaines ont intensifié au cours des derniers mois les frappes de missiles dans les zones tribales du Pakistan, où sont repliés plusieurs dirigeants d'Al-Qaïda et d'autres groupes islamistes, dans le but notamment de compliquer l'organisation logistique de l'attentat.

Les États-Unis étaient également ciblés, selon la chaîne américaine ABC citant un haut responsable américain non identifié.

«La menace est très réelle», a indiqué à l'AFP un responsable de la sécurité établi en Europe qui a demandé l'anonymat. Ce responsable n'a pas confirmé le mode opératoire évoqué par les médias, mais a précisé que la menace avait émergé de plusieurs sources, notamment d'interrogatoires de suspects à la frontière afghano-pakistanaise.

Un responsable du ministère américain de la Défense a quant à lui déclaré sous le couvert de l'anonymat à l'AFP que la menace était «crédible, mais pas précise».

«Très, très exagéré»

Cependant, des sources françaises liées au renseignement, interrogées par l'AFP, ont affirmé ne pas avoir eu connaissance de projets d'attentats. Les services de renseignements français n'ont pas reçu d'éléments sur des menaces telles que rapportées par Sky News, a notamment assuré un responsable du renseignement français, qui a exigé l'anonymat. Un autre responsable a qualifié de «très, très exagérées» les allégations des médias anglo-saxons.

L'Allemagne, par l'entremise d'un porte-parole du ministère de l'Intérieur, a indiqué qu'elle était au courant de projets terroristes «à long terme» visant l'Europe de l'Ouest, mais ne voyait pas d'indice «concret» d'attentats imminents sur son territoire.

En France, l'annonce du complot survient alors que les autorités françaises multiplient les mises en garde relativement à la possibilité d'un attentat dans l'Hexagone.

Une source gouvernementale a affirmé hier que Paris se concentrait principalement sur une autre menace, celle posée par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). «Notre problème, c'est l'Afrique du Nord; c'est l'AQMI, et cela n'a aucun lien avec le Pakistan.»

Il y a quelques semaines, le chef français de la lutte antiterroriste, Bernard Squarcini, avait déclaré en entrevue que «tous les clignotants étaient au rouge». Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a indiqué par la suite que la menace «imminente d'attentat» était «réelle».

Une série d'appels à la bombe sont venus souligner les craintes des forces policières, qui ont ordonné mardi soir l'évacuation de la tour Eiffel sans rien trouver. Il s'agissait de la seconde fois en deux semaines que le célèbre lieu touristique était visé.

D'après l'AFP, AP et The New York Times