Piquets devant les usines, files d'attente aux arrêts de bus, kiosques vides faute de journaux: l'Espagne vivait au ralenti mercredi pour la première grève générale de l'ère Zapatero, à l'appel de deux grands syndicats contre une réforme du marché du travail.

D'après des chiffres fournis par le ministère du Travail, la consommation d'électricité dans les grandes entreprises a baissé de plus de 20% dans la grande industrie et de plus de 8% au niveau général en début de matinée.

L'UGT a assuré de son côté dans un communiqué que la grève était suivie «à plus de 70%» et par plus de 10 millions de salariés dans le pays, voire à 100% dans des secteurs comme la sidérurgie, l'énergie et les services de propreté.

Cette grève, «je ne la souhaite pas mais je la respecte» a indiqué, mercredi, le chef de gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, lors de la séance de questions au gouvernement.

Aucun chiffre de participation n'était disponible vers les 08h00 GMT de la part du gouvernement, mais le ministre du Travail, Celestino Corbacho a assuré que les services minimums accordés avec les syndicats étaient «respectés» à 99%.

Pour la grève générale de mercredi, CCOO et UGT avaient accepté de garantir des services minimums dans le domaine des transport, avec notamment au moins 20% des vols internationaux et 25% des trains de banlieue.

Cette grève générale, la première sur un thème social depuis 2002, coïncide avec la journée de mobilisation européenne contre l'austérité, organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES) et une grande «euro-manifestation» à Bruxelles.

Piquet «d'information» de grévistes à l'entrée des usines dans les banlieues des grandes villes, longues files d'attente devant les arrêts de bus ou encore kiosques vides de journaux: les effets de ce mouvement étaient notables à Madrid et dans le reste du pays en matinée.

Une quinzaine de personnes ont été blessées, dont une dans un état grave, dans des heurts entre policiers et grévistes aux abords d'usines, ont rapporté les médias espagnols.

Employée dans une usine de la banlieue de Madrid, Patricia Sanchez faisait la queue mercredi matin à un arrêt de bus de la gare d'Atocha comme des milliers d'autres madrilènes. «Je ne peux pas faire la grève, mais j'aurais bien aimé pouvoir», commente-t-elle.

Rencontrée dans les rues de la capitale alors qu'elle se rendait à pied au travail, Mercedes Pinedo Sanchez, 57 ans, juge que cette grève générale est une «farce» car «Zapatero ne va pas faire marche arrière».

Une centaine de manifestations était convoquées pour la journée de mercredi à travers l'Espagne. Dans de nombreuses villes les défilés se dérouleront à la mi-journée, mais à Madrid et Barcelone, les manifestations sont prévues en fin de journée.

Cette grève générale, la première depuis l'arrivée au pouvoir du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero et la cinquième dans l'histoire de la jeune démocratie, survient alors que le pays peine à sortir de la crise et qu'un actif sur cinq est au chômage.

Pour réduire les déficits publics, Zapatero a été contraint de baisser les salaires des fonctionnaires, de geler les retraites et de mettre fin à certaines prestations.

Mais ce mouvement vise essentiellement à protester contre une réforme du marché du travail, qui diminue les indemnités de licenciement et facilite les licenciements économiques.

L'objectif affiché par les deux grands syndicats est d'obliger le gouvernement Zapatero à modifier la loi, pourtant déjà approuvée par le parlement, et aussi à corriger le tir après les mesures d'économies imposées par la crise.