Les syndicats français ont annoncé mercredi une nouvelle journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites, le 23 septembre, jugeant insuffisants les aménagements proposés par le président Nicolas Sarkozy au lendemain d'une mobilisation massive.

Après des manifestations qui ont rassemblé mardi entre un et 2,7 millions de Français selon les sources, Nicolas Sarkozy s'est déclaré «attentif aux préoccupations qui sont exprimées».

Le président a toutefois répété qu'il n'était «pas question» de revenir sur l'axe principal de la réforme: le report de l'âge minimum de départ en retraite, de 60 ans à 62 ans d'ici 2018.

Il a en revanche demandé au gouvernement d'«améliorer» le dispositif permettant aux personnes ayant commencé à travailler avant 18 ans de partir à la retraite à 60 ans. Il a aussi souhaité des aménagements pour les emplois les plus pénibles.

Ces aménagements à la réforme des retraites devraient «coûter aux alentours d'un milliard d'euros», a estimé le secrétaire d'État à la Fonction publique, Georges Tron.

Mais Nicolas Sarkozy n'a pas convaincu les syndicats, qui estiment que le pouvoir ne peut rester sourd à la mobilisation, la plus forte depuis le début de la contestation de la réforme en mars: six d'entre eux ont lancé un appel à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 septembre.

Les annonces du président «ne modifient pas le caractère injuste et inacceptable de la réforme» des retraites proposée, ont dit les syndicats à l'issue d'une réunion sur la suite à donner au mouvement.

L'Assemblée nationale doit en principe se prononcer le 15 septembre sur l'ensemble du projet de loi sur les retraites, le débat au Sénat commençant le 5 octobre, avant une adoption définitive prévue fin octobre.

Les organisations syndicales ont également appelé «à faire du mercredi 15 septembre, jour du vote par les députés du projet de loi, une journée forte d'initiatives et d'interpellations des députés, des membres du gouvernement et du président de la République dans les départements et les circonscriptions», selon leur communiqué commun.

La patronne du Parti socialiste (opposition), Martine Aubry, qui a apporté son soutien aux syndicats, a estimé que le président avait opposé «une fin de non-recevoir» aux Français «qui étaient dans la rue» contre la réforme.

«Nous attendions que le président de la République et le gouvernement reprennent cette réforme pour qu'elle soit enfin juste et règle les problèmes et ils nous ont annoncé quelques mesurettes qui ne changent rien», a-t-elle jugé.

Malmené depuis des mois dans les sondages et fragilisé par des scandales, le chef de l'État compte sur cette réforme emblématique pour reprendre la main sur l'agenda politique avant la présidentielle de 2012.

Le gouvernement considère que faire travailler les Français plus longtemps, à l'instar de leurs voisins européens, est la meilleure option pour assurer des besoins de financement estimés à 70 milliards d'euros d'ici à 2030.

En dépit de la fragilisation du ministre du Travail Eric Woerth - empêtré dans un scandale politico-fiscal impliquant l'héritière des cosmétiques L'Oréal Liliane Bettencourt -, l'exécutif est conforté par l'apparente ambivalence de l'opinion, qui a approuvé la mobilisation de mardi tout en considérant la réforme comme inéluctable, selon des sondages.