Le gouvernement espagnol a annoncé lundi qu'il ne changerait «pas d'un iota» sa politique d'extrême fermeté vis-à-vis de l'ETA, affichant son «scepticisme» face à un cessez-le-feu jugé «insuffisant», annoncé la veille par l'organisation indépendantiste basque armée.

Maria Teresa Fernandez de la Vega, numéro deux du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, a qualifié l'annonce «d'insuffisante» et de «décevante».

Pour le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, le communiqué publié dimanche par l'ETA est «très loin» de ce que le gouvernement espagnol exige du groupe clandestin, à savoir un abandon définitif et sans condition de la lutte armée.

«Nous n'allons pas changer d'un iota, d'une virgule notre politique antiterroriste», a déclaré M. Rubalcaba à la télévision publique espagnole TVE, excluant tout nouveau dialogue avec le groupe armé, après l'échec d'une précédente tentative engagée en 2006 par M. Zapatero.

Le concept de «trêve» pour permettre un processus de paix «est maintenant dépassé», a estimé le ministre en référence à l'attentat meurtrier qui en décembre 2006 avait mis fin brutalement aux pourparlers de paix et à neuf mois de «cessez-le-feu permanent» de l'ETA.

L'organisation clandestine, tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en près d'un demi-siècle de violences pour l'indépendance du Pays basque (nord), a annoncé dimanche une sorte de cessez-le-feu qui ne porte pas son nom, après plus de 12 mois sans attentat.

L'ETA a expliqué avoir pris la décision, «il y a plusieurs mois», de ne pas «mener d'actions offensives armées», sans préciser si cet arrêt est temporaire ou bien définitif.

M. Rubalcaba a jugé que le groupe clandestin avait été matériellement contraint à cet arrêt par les opérations policières à répétition contre ses dirigeants et sa structure.

«L'ETA arrête parce qu'il n'en peut plus. Il le fait après le démantèlement de la base logistique qu'il mettait en place au Portugal (...) et sa sortie de France où il est très mal», a commenté le ministre.

Entre 2008 et 2010, pas moins de sept chefs successifs du groupe armé --cinq chefs militaires et deux dirigeants politiques-- ont été arrêtés, essentiellement en France, la base de repli traditionnelle de l'organisation.

L'annonce «ambiguë» de dimanche ne va pas permettre à Batasuna, la branche politique du groupe armé interdite depuis 2003, de redevenir légale en Espagne, a averti M. Rubalcaba.

Ce parti indépendantiste radical pressait depuis plusieurs mois le groupe clandestin de décréter un cessez-le-feu dans l'espoir de participer légalement aux élections municipales basques de 2011, aux côtés de son nouvel allié, le parti indépendantiste non-violent Eusko Alkartasuna.

Batasuna «est illégal parce que c'est une partie de l'ETA», a expliqué M. Rubalcaba. «Pour redevenir légal, il faut que Batasuna (...) rompe clairement avec l'ETÀ et le démontre, ou bien qu'il convainque l'ETA d'arrêter de tuer, de cesser la violence», a souligné le ministre.

À l'image du scepticisme affiché par le gouvernement, les principaux partis espagnols ont eux aussi qualifié d'«insuffisante» l'annonce, en particulier le premier parti de l'opposition, le Parti populaire (PP, droite).

Le leader du PP, Mariano Rajoy, a souligné que «l'unique communiqué qui nous importe, c'est celui dans lequel l'ETÀ annoncera sa dissolution», estimant que la déclaration de dimanche «n'avait aucune valeur et ne changeait rien».

Au Pays basque, les entrepreneurs de la confédération patronale Confebask ont exprimé leur «déception» et réclamé la fin de «l'impôt révolutionnaire», à savoir les menaces et extorsions de fonds auxquelles l'ETA recourt auprès des patrons pour se financer.