La bataille entre les frères David et Ed Miliband, principaux candidats à l'élection pour la direction du parti travailliste britannique relégué dans l'opposition, s'est intensifiée cette semaine alors que les longues opérations de vote commencent mercredi.

David Miliband, le frère aîné donné comme favori, se présente comme le seul candidat capable d'unir le parti et de reconquérir le pouvoir, tandis qu'Ed lance des appels du pied à la gauche traditionnelle et n'hésite pas à exercer un droit d'inventaire sur le New Labour, le parti travailliste modernisé par Tony Blair et Gordon Brown.

Le gagnant devra s'atteler à la rénovation du parti travailliste, battu après treize années au pouvoir lors des élections législatives de mai qui ont permis au leader tory David Cameron de former un gouvernement de coalition libéral-conservateur.

Gordon Brown, premier ministre sortant, avait démissionné de ses fonctions de leader du Labour immédiatement après le scrutin.

Les 160 000 membres du parti, qui forment l'un des trois collèges électoraux, avec celui des députés de la chambre des Communes et du Parlement européen, et celui des membres des syndicats et organisations affiliées, devraient commencer à recevoir leurs bulletins mercredi.

Le résultat sera connu le 25 septembre, un jour avant l'ouverture du congrès annuel du parti.

Selon une analyse du blog travailliste Left Foot Forward, David Miliband, l'ancien ministre des Affaires étrangères, est en tête des intentions de vote avec 36,3%, suivi par son frère Ed, ex-ministre de l'Energie et du Réchauffement climatique (30,9%).

Loin derrière, Ed Balls, l'ex-ministre des Ecoles, proche de Gordon Brown, est donné troisième avec 11%, tandis que la députée Diane Abbott et l'ex-ministre de la Santé Andy Burnham le talonnent avec 10,9%.

David Miliband, 45 ans, est vu comme le candidat de l'establishment, bénéficiant du soutien de poids lourds du parti et de nombreux médias.

Il reconnaît les défauts du New Labour mais souligne que le parti doit être fier de son bilan. Il veut regagner la confiance de la base, sans négliger l'électorat du centre, clef d'une victoire aux élections.

L'aîné des Miliband est le plus associé à l'ère de Tony Blair, ce qui pourrait le desservir alors que l'ex-premier ministre, toujours très controversé pour avoir engagé la Grande-Bretagne dans la guerre en Irak, publie son autobiographie mercredi.

Ed Miliband, 40 ans, estime au contraire que le New Labour est mort. Il critique le fait que la Grande-Bretagne soit devenue plus inégalitaire sous les travaillistes, observe que le Labour de Tony Blair était devenu «obnubilé» par les marchés et s'était transformé en «parti des bonus des banquiers».

Rejetant le «capitalisme à l'américaine», il s'est prononcé en faveur d'une plus grande égalité de revenus et bénéficie du soutien des syndicats.

L'éminence grise du Labour, Peter Mandelson, l'a averti cependant lundi que le Labour risquait «de se retrouver dans un cul de sac politique» s'il opérait un virage à gauche.

En adoptant le slogan «Ed Miliband parle avec humanité», son équipe de campagne a voulu souligner la capacité d'empathie de son candidat avec le public, alors que David Miliband est souvent décrit comme un brillant technocrate éloigné des préoccupations quotidiennes des électeurs.

Mais les deux Miliband ont décidé pour l'instant de se battre à fleurets mouchetés, refusant de s'attaquer directement.

«La famille est plus importante que la politique», a dit Ed Miliband au Sunday Mirror cette semaine, assurant que les Miliband continueront, quoi qu'il arrive, à se réunir le dimanche pour un rôti familial.