Le gouvernement français et la majorité de droite ont mis lundi tout leur poids dans la balance pour soutenir un projet d'accord très controversé entre la mairie de Paris et Jacques Chirac, qui allègerait les ennuis judiciaires de l'ancien président.

Jacques Chirac, 77 ans, doit être jugé fin 2010 ou début 2011 pour «détournements de fonds publics» et «abus de confiance» pour 21 emplois de complaisance présumés payés entre octobre 1992 et mai 1995 alors qu'il était maire de Paris.

Le premier ministre François Fillon et le chef du parti majoritaire UMP Xavier Bertrand ont soutenu lundi un protocole d'accord, qui prévoit que la Ville récupérera au total 2,2 millions d'euros, dont 1,65 million versé par l'UMP et 550 000 euros par Jacques Chirac lui-même.

Lorsqu'il était maire de Paris, avant son élection à la présidence française en 1995, Jacques Chirac est accusé d'avoir mis en place un système d'emplois fictifs. Certains de ses proches étaient rémunérés par la Ville sans y avoir de fonction réelle. Certains aussi travaillaient en réalité pour le RPR, le parti gaulliste qui s'était fondu par la suite dans l'UMP.

«Il y a une proposition qui est faite par le maire de Paris (Bertrand Delanoë, socialiste) qu'il l'a défendue courageusement», a déclaré lundi le premier ministre François Fillon.

«Si la question (de contribuer à régler cette facture) est posée à l'UMP, je souhaite que l'UMP y réponde favorablement», a-t-il ajouté.

Un tel accord, qui doit aussi être avalisé par les élus municipaux de Paris, n'éteindrait pas les poursuites judiciaires contre Jacques Chirac. Mais la Ville de Paris ne se porterait plus partie civile, ne se considérant plus comme victime de l'affaire. Au procès, l'accusation contre Jacques Chirac serait affaiblie et les chances de relaxe accrues.

Le projet d'accord est violemment critiqué par les Verts, qui font partie de la majorité municipale de Bertrand Delanoë. Leur probable candidate à l'élection présidentielle Eva Joly, ancienne juge d'instruction, a estimé cela «très grave», assimilant à un «détournement de fonds» le paiement par l'UMP d'une dette de Jacques Chirac.

«Je me contente d'être rigoureux, juste, et de défendre les intérêts financiers et moraux des Parisiens. Je n'ai pas à me transformer en leader d'inquisition», a répondu Bertrand Delanoë.