Le pape Benoît XVI et deux hommes d'Eglise français ont exprimé dimanche leur désapprobation, après les expulsions de Roms par les autorités françaises dans le cadre de la politique sécuritaire renforcée du président Nicolas Sarkozy.

Devant des pèlerins français, dimanche à sa résidence d'été de Castel Gandolfo, le pape a appelé à l'accueil des hommes de toutes origines.

«Les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C'est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines, à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue», a-t-il déclaré lors de la prière de l'Angelus.

«Chers parents, puissiez-vous éduquer vos enfants à la fraternité universelle», a-t-il ajouté.

Le pape n'avait pas encore pris position sur les renvois de Roms en Roumanie et en Bulgarie, leurs pays d'origine. Mais les mesures françaises avaient été critiquées par le secrétaire du Conseil pontifical pour les migrants et les gens du voyage, Agostino Marchetto.

Il avait déclaré vendredi à l'AFP que «les expulsions en masse de Roms vont à l'encontre des normes européennes».

«Il y a un principe de proportionalité dans les réactions qu'on peut avoir vis-à-vis des délinquants. On ne peut pas généraliser et prendre tout un groupe de personnes et les expulser. La responsabilité est personnelle, elle n'est pas collective», avait-il précisé.

Après plusieurs faits divers médiatiques, Nicolas Sarkozy avait annoncé fin juillet que les camps illégaux de Roms seraient démantelés et certains criminels d'origine étrangère déchus de leur nationalité française.

Ces mesures établissant un lien entre immigration et insécurité ont commencé d'être mises en application jeudi et vendredi, avec l'expulsion vers la Roumanie et la Bulgarie de plus de 200 Roms.

Cette politique s'est attirée les critiques de la gauche française, de quelques responsables de droite, mais aussi de dirigeants roumains et du Conseil de l'Europe.

Dimanche, en écho aux propos de Benoît XVI, deux hommes d'Eglise français ont confié leur émotion et même leur colère.

Le père Arthur, un prêtre de Lille (nord), a fait savoir qu'en signe de protestation contre le sort réservé aux Roms, il avait écrit au ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux pour refuser la médaille de l'Ordre national du Mérite, l'une des plus hautes distinctions françaises qui lui a été attribuée.

«Je prie, je vous demande pardon, pour que M. Sarkozy ait une crise cardiaque», a-t-il même déclaré dans un premier temps après la messe, avant d'assurer un peu plus tard dans la journée qu'il regrettait ces propos.

«Depuis trois mois, c'est une guerre que cette communauté subit», a ajouté le père Arthur, très engagé dans la défense des Roms.

L'archevêque d'Aix-en-Provence et d'Arles (sud-est), Mgr Christophe Dufour, a de son raconté avoir été témoin du démantèlement d'un camp de Roms, jeudi dernier.

«Des caravanes ont été détruites. Je ne mets pas en cause les forces de police qui obéissent aux ordres. Mais je demande le respect des personnes et de leur dignité», a-t-il déclaré dimanche dans un communiqué.

«Les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu'il y a des populations inférieures sont inacceptables. Ces personnes, citoyens européens, vivent pour la plupart paisiblement ici», a-t-il ajouté.

La position de fermeté du gouvernement français a été rappelée au cours du week-end par Brice Hortefeux, pour qui elle «rassemble les Français». Les critiques, assure-t-il, émanent essentiellement du «petit milieu politico-médiatique parisien» et de «la gauche milliardaire».