Le fondateur de WikiLeaks, visé par une procédure judiciaire chaotique en Suède où il a été accusé de viol, a dénoncé dimanche un complot peut-être ourdi par le Pentagone pour «détruire» son site avant la publication de nouveaux documents sur la guerre en Afghanistan.

«Je ne sais pas ce qui se cache derrière (ces accusations). Mais nous avons été avertis que, par exemple, le Pentagone nous jouerait de vilains tours pour nous détruire», affirme Julian Assange dans un entretien exclusif accordé au tabloïd suédois Aftonbladet.

WikiLeaks s'est attiré les foudres de l'administration américaine en publiant récemment quelque 77 000 documents confidentiels sur la guerre en Afghanistan. Et, le 14 août à Stockholm, M. Assange a promis la prochaine publication des 15 000 autres documents classifiés qu'il possède sur ce conflit.

Vendredi soir, deux femmes ont raconté à la police suédoise avoir été, l'une violée et l'autre agressée par le fondateur de WikiLeaks. Un avis de recherche a été lancé concernant l'accusation de viol.

Mais quelques heures plus tard seulement, le Parquet a levé l'avis de recherche estimant qu'en fait M. Assange «n'était pas suspect de viol». En revanche, l'enquête pour agression se poursuit.

«En plus, on m'avait mis en garde contre des pièges sexuels», souligne M. Assange, sans vouloir préciser s'il pense être victime de ce type de machination.

Le Parquet suédois, lui, assure avoir respecté la procédure «normale».

«Vendredi soir, j'ai reçu un appel de la police me décrivant ce que les femmes avaient dit. L'information que j'ai reçue était si convaincante que j'ai pris ma décision», a expliqué le procureur de permanence, Maria Häljebo Kjellstrand, qui a lancé l'avis de recherche.

Elle a certes été ensuite contredite par le procureur en chef Eva Finné, mais celle-ci, au terme d'une courte enquête préliminaire, disposait d'informations «plus nombreuses» que sa collègue de permanence, a expliqué le Parquet.

M. Assange, lui, avait immédiatement nié les faits qui lui étaient reprochés et dénoncé une manoeuvre malveillante contre WikiLeaks.

Dimanche, il a souligné que malgré la levée de l'avis de recherche, l'affaire occasionnait «de gros dégâts» pour le site internet.

«Je sais par expérience que les ennemis de WikiLeaks continuent de trompeter les choses même après qu'elles ont été démenties», assure-t-il, reconnaissant que si depuis des années il a été accusé de «toutes sortes de choses», jamais jusque-là cela avait été «aussi grave».

«Ce que je peux dire, c'est que je n'ai jamais eu (...) de relation sexuelle avec une personne d'une manière qui ne soit pas conforme à la volonté des deux», affirme-t-il.

Il refuse de donner plus de détails sur ses relations avec les deux femmes à l'origine de l'affaire, afin, dit-il, de ne pas «traîner dans la boue la vie privée de personnes avant d'avoir clarifié toute la situation. Pourquoi se sont-elles tournées vers la police ? Qu'est-ce qui se cache derrière ?"

Révélant à Aftonbladet se trouver chez un ami «quelque part dans le nord» de la Suède, M. Assange explique qu'il n'a pas eu l'occasion de donner officiellement aux autorités sa version des faits.

Il n'a pas eu le temps d'y aller de son propre chef, comme l'avait annoncé un de ses collaborateurs, car, dit-il, «je devais m'entretenir avec des gens et me trouver un avocat».

Quant à la justice, «personne ne m'a demandé ma version de l'histoire», affirme-t-il, refusant de la donner à la presse. C'est par les médias qu'il a appris samedi matin que la justice le recherchait, rappelle-t-il.

Enfin, spécialiste de la révélation de documents dérangeants, il dénonce les médias qui ont «publié aveuglément les accusations» le concernant.