Le président russe Dmitri Medvedev a clairement exposé vendredi les ambitions géopolitiques de Moscou dans le Caucase, en soulignant à Erevan que la Russie était le gendarme de cette région stratégique où couvent plusieurs conflits.

Deux ans après l'intervention des troupes russes en Géorgie, M. Medvedev a clairement exposé, lors de son déplacement en Arménie, que la paix dans cette région composée de trois républiques ex-soviétiques -Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie- était la responsabilité de la puissance russe.

«La mission de la Russie en tant que plus grand et plus puissant pays de la région (...) est d'y assurer la paix et l'ordre», a déclaré le président russe à l'issue de sa rencontre avec son homologue arménien, Serge Sarkissian.

La Russie et l'Arménie venaient de signer un accord prolongeant la présence militaire russe en Arménie jusqu'en 2044. Quelque 3500 militaires russes sont stationnés dans cette ancienne république soviétique.

Le président Sarkissian a souligné que l'accord élargissait aussi les fonctions de cette base à Guioumri et que désormais Moscou s'engageait à assurer la sécurité nationale arménienne.

«La durée de la présence de la base russe en Arménie est prolongée, mais sa sphère géographique est aussi élargie», a-t-il dit. Jusqu'à présent cette base ne pouvait servir que pour des opérations à l'intérieur des frontières de l'ex-URSS, mais «cette limite est désormais levée», a-t-il ajouté.

«La Russie a pris la responsabilité d'assurer conjointement la sécurité militaire de l'Arménie et d'équiper nos forces armées avec de l'armement moderne», a déclaré M. Sarkissian.

Selon lui, Moscou défendra donc l'Arménie contre son voisin azerbaïdjanais, alors que ces deux pays entretiennent des relations exécrables, Erevan soutenant l'enclave séparatiste du Nagorny Karabakh, région azerbaïdjanaise à majorité arménienne.

Ce territoire, rattaché à l'Azerbaïdjan pendant la période soviétique, a proclamé son indépendance après une guerre qui a fait 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994. Des escarmouches mortelles y ont encore lieu régulièrement.

Le Caucase du Sud est d'autant plus important pour la Russie que cette région est une zone de transit stratégique pour les hydrocarbures de la mer Caspienne.

Or, depuis la chute de l'URSS, Moscou y a perdu une grande partie de son influence, la Géorgie se rapprochant des États-Unis et de l'Otan tandis que l'Azerbaïdjan ouvrait ses vastes réserves de pétrole aux groupes occidentaux.

Ceux-ci ont construit entre la mer Caspienne et la Turquie un oléoduc contournant la Russie vers les marchés européens.

Moscou n'a cependant jamais cessé de manoeuvrer dans la région, soutenant ainsi dès les années 1990 les républiques séparatistes géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie contre le pouvoir de Tbilissi jugé trop insoumis.

En août 2008, la Russie a lancé une intervention militaire massive en Géorgie, après une attaque des forces de Tbilissi en Ossétie du sud. Elle a ensuite reconnu l'indépendance des territoires séparatistes géorgiens et y a installé des bases militaires.

Le Caucase du Nord, dans le sud de la Russie, est lui déstabilisé depuis des années par une rébellion islamiste qui s'est propagée après les deux guerres menées depuis 1994 en Tchétchénie.