En Russie, on achète un poste dans la police routière pour 40 000 euros (environ 54 000 $) et une décision de justice favorable pour 26 000 euros (35 000 $): la moitié du PIB russe va dans les poches de fonctionnaires corrompus, affirme un rapport indépendant publié lundi.

Ce rapport a été réalisé entre le 2 juillet 2009 et le 30 juillet 2010 par l'Associations des avocats pour les droits de l'homme (rusadvocat.com) qui a recueilli pendant cette période 6589 plaintes.

Cette enquête a conclu, en se basant sur les statistiques officielles et les témoignages des plaignants, que «le marché de la corruption représente 50% du PIB» et que le montant moyen d'un bakchich a doublé depuis le début de l'année 2010 pour atteindre 44 000 roubles       (2000 $).

«Ces chiffres correspondent à nos estimations», a déclaré à l'AFP Ivan Nenenko, responsable de Transparency International, rappelant que la Russie occupait la 146e place des 180 pays figurant dans un classement allant du moins au plus corrompu.

Dans les tribunaux, il faut payer les services d'avocats qui servent d'intermédiaires et s'engagent à «régler l'affaire» avec le juge.

Selon le témoignage d'Alexandra Belovinskaïa, secrétaire d'un tribunal à Kizliar, au Daguestan, l'une des républiques les plus pauvres du Caucase russe, les pots-de-vin dans le cadre d'affaires criminelles peuvent atteindre un million de roubles (35 000 $) et près de 1100 $ dans les affaires civiles.

En ce qui concerne les infractions administratives, «les juges prennent ce qu'on leur donne», selon Mme Belovinskaïa, qui dit avoir été limogée après avoir protesté contre ces pratiques.

«La fusion du monde criminel et des forces de l'ordre a un caractère universel», selon le rapport.

En Russie, où le salaire moyen mensuel est inférieur à 600 euros, le poste d'assistant du procureur dans un parquet du district coûte 10 000 dollars et un poste dans la police de la route au moins 50 000 dollars.

«Les métiers les plus prestigieux sont ceux où la corruption est stable», souligne le rapport.

Les responsables de départements de police censés lutter contre le crime organisé et qui assurent leur protection à des business criminels gagnent jusqu'à 20 000 dollars par mois, et les procureurs 10 000 dollars pour les mêmes services, selon la même source.

Grâce à la corruption, les revenus des inspecteurs de la police de la route atteignent environ 5000 dollars, selon le rapport.