Un groupe d'intellectuels et de responsables politiques a appelé lundi la France à rembourser à Haïti près de 23 milliards de dollars, une estimation des sommes qui furent exigées par Paris en échange de l'indépendance de son ancienne colonie, obtenue en 1804.

Cet appel se présente sous la forme d'une lettre ouverte au président français Nicolas Sarkozy, publiée lundi dans le quotidien de gauche Libération. Elle est signée par des intellectuels, comme le linguiste américain Noam Chomsky, le philosophe français Étienne Balibar, ou les eurodéputés français Daniel Cohn-Bendit et Eva Joly.

«Considérant les besoins financiers criants de ce pays dévasté par le terrible séisme du 12 janvier, nous vous pressons donc, monsieur le président, de restituer à Haïti, la première république noire de l'histoire, la dette historique de son indépendance», écrivent les signataires.

Le terrible tremblement de terre de janvier a causé la mort d'au moins 250 000 personnes.

«Cette demande n'est pas nouvelle», a réagi la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères Christine Fages, qui a affirmé que la France, bien avant le séisme de janvier 2010, «avait augmenté substantiellement sa coopération avec Haïti».

Les signataires rappellent qu'après l'indépendance d'Haïti, le roi Charles X (1824-1830) imposa aux Haïtiens de payer à la France 90 millions de francs or, sous la menace d'une invasion militaire et d'une restauration de l'esclavage. Cette «dette de l'indépendance» est aujourd'hui estimée à «bien plus» que 23 milliards de dollars, selon eux.

«Cette indemnité a fait ployer des générations d'Haïtiens sous le poids d'une dette illégitime, dette que la nation haïtienne n'a fini de payer qu'en 1947», ajoutent-ils.

Les signataires de cette pétition se présentent comme un «groupe de soutien au comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés» d'Haïti (Crime).

Ce comité est à l'origine de la mise en ligne, le 14 juillet dernier, d'une réplique en forme de canular du site internet du ministère français des Affaires étrangères, dans lequel était faussement annoncé un remboursement de ces sommes.

Ce site, dont les auteurs sont installés au Canada, publiait également lundi le texte de la pétition ainsi que la liste de la centaine de signataires.