Les militaires russes ont évacué par précaution leurs dépôts de munitions de la région de Moscou, menacés par les gigantesques feux de forêt qui continuaient de faire rage jeudi dans le pays après des semaines d'une canicule sans précédent.

«En raison du danger que représentent les feux dans la région, (...) le dépôt de munitions d'artillerie et de missiles» situé sur le territoire de la garnison d'Alabinsk, dans le district de Naro-Fominsk (70 km au sud-ouest de Moscou), «ont été transférés vers un endroit sûr», a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense, cité par l'agence Ria-Novosti.

Plus tôt dans la journée, Ria-Novosti avait fait état de plusieurs dépôts évacués. Cette information n'avait pas été confirmée.

Plusieurs districts de la région de Moscou sont la proie de feux de forêts et de tourbières comme nombre d'autres régions de la partie occidentale du pays. Le président Dmitri Medvedev a ordonné mercredi de renforcer la protection des sites stratégiques après l'incendie d'une base logistique militaire près de la capitale.

Sur l'ensemble du pays, «on a constaté au cours des dernières 24 heures une baisse du nombre d'incendies, pas assez importante toutefois pour que l'on puisse se réjouir», a déclaré le ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou.

La situation s'est aggravée dans le Sud-Ouest, alors que l'Ouest et le Centre de la Russie -- où l'état d'urgence a été décrété dans sept régions -- étaient jusqu'à présent les plus durement touchés par les incendies, a observé M. Choïgou.

Le ministre a dit craindre que les incendies ne se propagent à une région dont le sol et les végétaux avaient été irradiés lors de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986.

«Nous surveillons attentivement la situation dans la région de Briansk», à la frontière avec l'Ukraine et le Bélarus, car «si un incendie s'y déclarait, des substances radioactives pourraient s'envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait», a-t-il averti.

En revanche, le ministère des Situations d'urgence a annoncé la «stabilisation» de l'incendie aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod), d'où les autorités avaient affirmé mercredi avoir évacué les matières fissiles et explosives.

Le bilan des pertes humaines est passé jeudi de 48 à 50 morts, selon le ministère.

A Moscou, le nombre de morts a été multiplié par trois cet été, certains crématoriums refusant même de réceptionner les corps, car ils n'arrivaient pas à suffire à leurs fonctions, selon plusieurs bureaux de pompes funèbres locaux, cités par l'agence Ria-Novosti.

Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi que les autorités françaises «se tenaient prêtes à répondre à toute demande d'assistance», selon un communiqué de l'Elysée. La France dispose d'avions bombardiers d'eau, tout comme l'Italie qui a déjà dépêché deux Canadair en Russie.

Le président vénézuélien Hugo Chavez s'est entretenu jeudi par téléphone avec Dmitri Medvedev pour exprimer sa «solidarité avec le peuple russe et présenter ses condoléances aux familles des victimes de cette catastrophe naturelle», selon un communiqué du Kremlin.

En raison de la sécheresse qui entraîne une énorme perte pour les récoltes, le Premier ministre Vladimir Poutine a interdit les exportations de céréales jusqu'à la fin de l'année.

La Russie est le troisième exportateur mondial de céréales, et les difficultés de son agriculture ont déjà contribué à une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux.

De son côté, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a chargé le gouvernement régional de renforcer les mesures de sécurité anti-feu, après plusieurs incendies importants, et un feu de forêt dans un vaste parc de la capitale.

Au total 162 000 personnes sont mobilisées pour combattre les feux qui embrasent le pays.