Le ministre français du Travail, Eric Woerth, mis en cause dans le scandale politico-fiscal autour de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, s'est défendu mercredi face à de nouvelles accusations concernant cette fois la succession du sculpteur César, parues dans la presse.

Le quotidie Libération reproduit dans son édition de mercredi des extraits d'une lettre datée du 24 avril 2008 et signée d'Eric Woerth, alors ministre du Budget, qui, selon le journal, «démontre sans ambiguïté qu'Eric Woerth a fait peser tout le poids de sa fonction pour obtenir un dégrèvement fiscal» sur cette succession.

Cette intervention aurait eu lieu après des «pourparlers avec l'exécuteur testamentaire du sculpteur», Alain-Dominique Perrin, président de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, «comptant par ailleurs parmi les grands donateurs de l'UMP», le parti de la majorité présidentielle (droite) affirme Libération.

M. Woerth, était aussi trésorier de l'UMP depuis sa création en 2002, un poste qu'il a abandonné fin juillet comme le lui a «conseillé» le président Nicolas Sarkozy.

Eric Woerth est intervenu «dans le respect du droit fiscal», en autorisant un dégrèvement fiscal de 27 millions d'euros sur la succession du sculpteur César, a assuré mercredi dans un communiqué le ministère du Travail.

Le ministre «a strictement suivi la proposition de l'administration fiscale, qui elle-même tirait les conséquences d'une décision de justice», selon ce communiqué, qui qualifie l'article de Libération de «gravement erroné».

Pour sa part, l'exécuteur testamentaire de César, Alain-Dominique Perrin, a affirmé que la lettre reproduite par Libération est «bidouillée» et constitue «un travail de faussaire».

«J'ai rencontré Eric Woerth à peu près cinq minutes comme j'ai rencontré d'ailleurs tous ses prédécesseurs depuis 1998, date de la mort de César», a déclaré M. Perrin. «M. Woerth n'est pas intervenu personnellement. C'est totalement faux».

Eric Woerth est depuis juin au coeur d'une vive polémique liée à Liliane Bettencourt, après la révélation d'enregistrements clandestins suggérant un possible conflit d'intérêts entre ses anciennes fonctions gouvernementales et l'embauche de sa femme en 2007 par la société Clymène, gérant le patrimoine de l'héritière de L'Oréal.

Il a été entendu le 29 juillet à son ministère par la police dans cette affaire et a réaffirmé qu'il n'était en rien intervenu dans l'embauche de sa femme, laquelle a démissionné fin juin de Clymène.

L'ancienne comptable de Mme Bettencourt a affirmé pour sa part que le gestionnaire de fortune de la milliardaire lui a demandé début 2007 de retirer 150.000 euros en liquide pour les transmettre à Eric Woerth, pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, une accusation fermement démentie par le ministre et l'Elysée.

Eric Woerth a quitté officiellement fin juillet son poste de trésorier à l'UMP, qu'il occupait depuis 2002. Sa double casquette de ministre, notamment du Budget (2007-mars 2010), qui chapeaute les services fiscaux, et de trésorier de parti l'amenant à collecter de l'argent auprès de riches entrepreneurs, qui sont aussi d'importants contribuables, a suscité une polémique.