La presse française montre du doigt le président Nicolas Sarkozy, à qui elle reproche d'engager des dépenses de près de 240 millions CAN pour se doter d'un nouvel avion alors même que la population du pays est appelée à se serrer la ceinture.

Dans son dernier numéro, l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné relève que le coût d'acquisition du nouvel appareil «prend son envol» en même temps que se tiennent les premiers tests de vol.

Le futur Airbus présidentiel - que les médias ont baptisé Air Sarko One en référence au Air Force One américain - est un ancien avion de ligne d'une compagnie caribéenne dont l'intérieur a été entièrement réaménagé. Selon la publication satirique, il doit comprendre une chambre à coucher et une salle de bains ainsi qu'un système de ventilation qui permettra au chef d'État de fumer des cigares durant ses déplacements.

Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, en réponse aux interrogations suscitées par l'article, a indiqué qu'il n'y avait rien d'«ostentatoire» dans le nouvel appareil. «Il y a simplement la volonté d'avoir un équipement à la hauteur de la cinquième puissance mondiale», a déclaré M. Chatel, incapable de préciser si l'avion contiendrait effectivement un bain.

«Et pourquoi pas un terrain de tennis, une piscine et même un terrain de golf ?» a ironisé le porte-parole du parti de la majorité, Dominique Paillé, en niant qu'il y aurait une baignoire.

Le ministère de la Défense, dans un communiqué, a déclaré que l'aménagement d'une chambre et d'une douche - et non d'une baignoire - dans l'avion présidentiel «relève d'une décision de simple bon sens visant à permettre à l'autorité transportée d'enchaîner une journée de travail après un déplacement longue distance».

«Exemplarité»

La polémique relative au nouvel avion du président survient un mois après que Nicolas Sarkozy eut écrit au premier ministre, François Fillon, pour lui rappeler que l'État devait «plus que jamais» faire preuve «d'exemplarité» dans sa gestion quotidienne.

Il a notamment souligné qu'il était «impératif» que les ministres paient «tous les frais liés à leur vie privée». Le président a aussi souligné que les déplacements ministériels seraient «strictement

encadrés» et les trajets en avion «prohibés» pour les destinations desservies par train en moins de trois heures.

Ces mises au point faisaient suite à la divulgation par les médias français de plusieurs cas d'abus par des membres du gouvernement. Le chef d'État, allant au-devant des coups, a prévenu à cette occasion qu'il souhaitait que deux avions moyen-courriers soient vendus pour absorber la facture de son nouvel appareil.

Un comptable du ministère de la Défense cité par Le Canard enchaîné relève cependant que ces appareils ne valent que quelques dizaines de millions d'euros et qu'il faudrait utiliser des avions de location pour compenser, ce qui occasionnera des coûts additionnels importants.