Gianfranco Fini, un néo-fasciste repenti qui vient de consommer sa rupture avec Silvio Berlusconi, son allié de 16 ans, a su faire oublier son sulfureux passé pour conquérir une stature d'homme d'Etat qui en ont fait le dauphin, puis le rival du Cavaliere.

Le président d'Alliance nationale (droite conservatrice) - issue de l'ancien parti néo-fasciste MSI - s'était rangé sous la bannière de Berlusconi, en créant avec lui en mars 2009 le Peuple de la liberté (PDL).

Ensemble, ils avaient gagné un an plus tôt les élections législatives et Gianfranco Fini avait été élu président de la Chambre des députés.

Celui qui était ironiquement qualifié de «dauphin à vie» de Berlusconi - une expression du quotidien La Repubblica - n'a pas tardé à mettre à profit sa position institutionnelle pour se poser en rival de son allié.

Il a notamment défendu des positions plus mesurées sur l'immigration, exprimé des réserves sur des lois sur la justice chères au Cavaliere. Tout récemment il avait appelé à une moralisation de la vie politique alors que plusieurs proches du président du Conseil sont impliqués dans des affaires de corruption.

La silhouette élancée et le regard vif derrière des lunettes à monture métallique, Gianfranco Fini, 58 ans, toujours impeccablement habillé, avait occupé les fonctions de vice-Premier ministre (2001-2006) et de chef de la diplomatie italienne (2004-2006) dans le précédent gouvernement Berlusconi.

Né le 3 janvier 1952 à Bologne (nord) dans le «coeur rouge» de l'Italie, il entre à 17 ans dans le parti néo-fasciste Mouvement social italien (MSI) via son Front de la jeunesse dont il devient président en 1977.

Diplômé en psychologie et journaliste, il gravit peu à peu les échelons du MSI avant d'être élu secrétaire général du parti en 1987.

Député depuis 1983, il crée la surprise dix ans plus tard en grillant la politesse aux autres candidats de la droite traditionnelle dans la course à la mairie de Rome, même s'il est finalement battu de justesse par le candidat de la gauche Francesco Rutelli.

Ce demi-succès le pousse à se recentrer politiquement et il fait un premier compromis en entrant en 1994 dans la coalition du leader de la droite Silvio Berlusconi.

C'est en 1995 qu'il rompt définitivement avec l'héritage mussolinien et fait peau neuve en créant, à partir d'une scission du MSI, Alliance Nationale (AN), auquel il veut donner une image plus «moderne» et qui va émerger sur la scène politique nationale pour finalement devenir le deuxième parti à droite.

Celui qui affirmait encore en 1992 que Mussolini était «le plus grand homme d'Etat du 20e siècle» se rend en 1999 à l'ancien camp de concentration nazi d'Auschwitz et écrit à cette occasion qu'«aucune tragédie ne peut être plus grande que celle de l'Holocauste».

Quelques années plus tard, en 2003, il ira à Jérusalem d'où il condamnera le fascisme comme le «mal absolu» et la République sociale italienne créée en 1943 par Mussolini comme «une page honteuse de l'histoire de l'Italie».

Gianfranco Fini s'est séparé en 2007 de son épouse, dont il avait eu une fille, et a maintenant comme compagne Elisabetta Tulliani, avocate-présentatrice de télévision. Le couple a deux filles.