L'Union européenne a décidé lundi d'ouvrir dès mardi des négociations en vue de l'adhésion de l'Islande, mais nombre de gouvernements doutent de la volonté réelle d'intégration de l'île et les obstacles restent multiples, qu'il s'agisse de la pêche ou d'Icesave.

La décision a été prise lors d'une réunion des secrétaires d'État chargés des Affaires européennes à Bruxelles.

Ils ont adopté «le cadre de négociation en vue de l'ouverture des négociations d'adhésion avec l'Islande» et décidé «de la tenue de la séance d'ouverture» mardi, selon un communiqué de l'UE.

L'Islande a déposé sa candidature pour l'entrée dans l'UE le 16 juilllet 2009, dans le sillage d'une crise financière qui avait poussé son opinion à souhaiter bénéficier notamment du parapluie de l'euro. Depuis l'enthousiasme de la population a nettement reculé.

«Il faut avoir envie d'entrer en Europe», a souligné lundi devant la presse le secrétaire d'État français aux Affaires européennes Pierre Lellouche.

«Je n'ai pas tout à fait l'impression au niveau des sondages que les Islandais eux mêmes soient très favorables. C'est tout le problème», a-t-il commenté.

«Nous sommes très favorables à l'adhésion de l'Islande, naturellement. Mais au même niveau que les autres, sans raccourci, et à la condition que les Islandais soient interressés. On ne va forcer personne», a conclu M. Lellouche.

Plusieurs gouvernements de l'UE partagent cette analyse et s'interrogent sur «l'empressement de la Commission européenne à forcer l'allure» avec l'Islande, a souligné un diplomate de haut rang.

Les négociations comportent 35 chapitres et elles s'annoncent problématiques sur la pêche et l'agriculture. L'Islande veut protéger ses zones de pêche de morue et continue à chasser la baleine, ce que l'UE a banni.

Le problème de la banque islandaise Icesave constitue un autre écueil.

Un contentieux oppose l'Islande d'un côté, et les Pays-Bas et le Royaume-Uni de l'autre, concernant l'indemnisation des clients britanniques et néerlandais de cet institut, sérieusement malmené durant la crise financière. Cette indemnisation a été prise en charge par Londres et La Haye, qui attendent à présent le remboursement.