Les organisateurs de la Love Parade ont annoncé dimanche qu'une enquête judiciaire avait été ouverte pour faire toute la lumière sur le drame de la veille qui a également fait environ 340 blessés.

Sept étrangers -- deux originaires d'Espagne, un d'Australie, un de Bosnie, un de Chine, un d'Italie, et un des Bays-bas -- figurent parmi les morts, selon la police.

Au cours d'une conférence de presse qui a pris des allures de procès, autorités locales et organisateurs se sont toutefois abstenus de répondre à la moindre question précise sur les causes possibles du drame.

Celui-ci s'est produit aux abords d'un tunnel, seule voie d'accès pour plus d'un million de fêtards qui ont participé à la Love Parade sur le terrain de l'ancienne gare de fret.

Le terrain, d'une superficie d'au moins 120 000 m2, «pouvait accueillir jusqu'à 300 000 personnes (et) il n'était pas plein», a assuré Wolfgang Rabe, chef de la cellule de crise de cette ville de l'Ouest du pays.

Une Love Parade, en 2008 dans la même région, avait attiré 1,6 million de ravers. Selon les organisateurs, 1,4 million de personnes ont participé au festival de samedi.

La police a soigneusement contrôlé le flot des piétons vers le tunnel de 200 mètres de long sur 30 de large, et a fait tout son possible pour aider les victimes au moment de l'incident, selon le responsable adjoint de la police locale, Detlef von Schmeling.

La plupart des personnes décédées, âgées de 20 à 40 ans, ont été trouvées près de deux escaliers métalliques situés à une entrée du tunnel. A ce niveau, la rue menant au festival est surplombée par deux pentes raides dont les accès étaient en principe interdits par des barrières, selon les autorités.

Le président du syndicat national de la police, Rainer Wendt, a accusé les autorités de Duisbourg d'être responsables de la tragédie.

«Je les avais prévenues il y a un an. La ville de Duisbourg n'est pas faite pour la Love Parade. Elle est trop petite pour un tel spectacle», a-t-il affirmé au quotidien Bild. Duisbourg compte 500 000 habitants.

Le responsable local des pompiers aurait également dit au maire que la zone retenue pour le festival n'était assez grande pour accueillir la foule, selon le journal Kölner Stadt-Anzeiger.

Nombre de témoins ont raconté qu'une foule compacte se pressait dans le tunnel, sans pouvoir avancer, au moment du drame.

«J'ai vu des morts dans le tunnel. D'autres étaient vivants, mais inconscients par terre, d'autres pleuraient», a raconté à l'AFP Anneke Kuypers, 18 ans, une Néo-Zélandaise, étudiante en Belgique.

«Comme j'ai une formation de secouriste, j'ai essayé d'aider un peu. Les gens souffraient de déshydratation, certains avaient trop bu ou consommé de la drogue».

«J'étais dans le tunnel vers 17h00. Il y avait trop de barrières, et les passages étaient partout trop étroits», a raconté Alexis, 28 ans, originaire de Wuppertal, une ville de la Ruhr, proche de Duisbourg.

«Il y avait des filles qui s'évanouissaient à cause de la chaleur. C'était dingue. Des policiers étaient sur des escaliers et tiraient les gens pour les sortir. Certains ont essayé de casser les barrières. C'était terrible», a-t-il poursuivi.

Les ravers, qui pour une bonne partie d'entre eux ignoraient tout de la tragédie, ont continué à danser jusqu'à tard dans la nuit, les autorités ayant décidé de ne pas brutalement interrompre la fête par crainte de créér des mouvements de panique.

Le propriétaire de la marque Love Parade, le fondateur de la chaîne de salles de sport «low cost» McFit Rainer Schaller, a annoncé qu'il n'y aurait pas de nouvelle édition de la fête qui avait vu le jour en 1989 à Berlin.

Le chef de cabinet d'Angela Merkel, Ronald Pofalla, et la ministre de la famille, Kristina Schröder, sont arrivés dimanche à Duisbourg pour s'entretenir avec les autorités et rendre visite aux blessés.

Photo: AFP

Des gens grimpent une colline après qu'un mouvement de panique se soit emparé de la foule, à Duisbourg, en Allemagne.