Le ministre écossais de la Justice n'ira pas devant une commission de sénateurs américains portant sur le rôle éventuel du géant pétrolier BP dans la libération du Libyen Abdelbaset al-Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie, a annoncé jeudi le gouvernement écossais.

Edimbourg a refusé de donner satisfaction à la Commission des affaires étrangères du Sénat américain qui doit examiner l'affaire Megrahi le 29 juillet et qui avait sollicité notamment la présence de Kenny MacAskill.

«Le gouvernement écossais a refusé l'invitation adressée au ministre de la Justice Kenny MacAskill pour prendre part à l'audience de la semaine prochaine», a déclaré un porte-parole du gouvernement écossais. «Nous pensons que nous avons fourni une information complète et appropriée».

La requête de la Commission américaine adressée au Directeur de la santé des services pénitentiaires écossais, le docteur Andrew Fraser, a également été déclinée, a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

C'est M. MacAskill qui avait décidé de la remise en liberté de Megrahi en 2009 au motif qu'il souffrait d'un cancer en phase terminale. Mais il pourrait vivre dix ans ou plus, a estimé en juillet le cancérologue qui lui avait prédit trois mois de survie.

Le Libyen avait été condamné en 2001 à la prison à vie pour l'attentat à la bombe perpétré en 1988 contre un Boeing 747 au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie, qui avait fait 270 morts.

L'affaire a refait surface aux États-Unis, dans le sillage de la marée noire provoquée par le naufrage dans le golfe du Mexique le 22 avril de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon exploitée par le groupe pétrolier britannique BP.

BP est accusé d'avoir exercé des pressions sur les autorités britanniques en vue d'obtenir une libération de Megrahi pour obtenir un contrat d'exploration d'hydrocarbures au large de la Libye.

À la suite du «refus officiel» opposé aux Américains, le Premier ministre écossais Alex Salmond «a de nouveau écrit aujourd'hui (jeudi) au sénateur John Kerry pour offrir davantage d'assistance», a précisé le porte-parole du gouvernement.

M. Salmond avait déjà adressé une missive mercredi à M. Kerry, président de la Commission.

«L'intérêt des sénateurs porte sur un quelconque rôle joué par BP dans les décisions concernant Megrahi, et nous avons affirmé catégoriquement au sénateur Kerry qu'il n'y avait eu aucun contact d'aucune sorte entre le gouvernement écossais et BP», a-t-il relevé.

«En plus des quantités importantes d'informations déjà fournies, nous avons de nouveau écrit au sénateur Kerry pour lui offrir de répondre à toute question supplémentaire avant l'audience», a-t-il poursuivi. «Et nous serons très heureux de répondre officiellement et par écrit à d'autres questions qui pourraient découler de l'audience elle-même», a-t-il assuré.