La chancelière allemande Angela Merkel, dont la popularité chute avec celle de sa coalition conservateurs/libéraux, semblait de plus en plus isolée lundi après qu'un nouveau haut responsable de son parti CDU a annoncé son retrait de la vie politique.

Avec le départ prévu le 25 août du maire de Hambourg, deuxième ville d'Allemagne qui est aussi un des 16 États régionaux, Mme Merkel perd non seulement en la personne d'Ole von Beust un proche mais aussi le sixième chef conservateur de gouvernement régional en dix mois.

À cela s'ajoute la démission fin mai du président de la République Horst Köhler, qui, seon les médias, aurait souffert du manque de soutien de Mme Merkel à un moment où il en avait besoin.

«Le vide se fait autour d'elle», observait le politologue Klaus Schubert, évoquant une «crise du parti chrétien-démocrate» (CDU) que dirige Mme Merkel.

«Problèmes d'orientation et donc de motivation»: l'expert estime que «l'on peut reprocher à la présidente du parti son manque de direction, et de ne pas proposer de nouvellles orientations au conservatisme».

Selon lui, «personne n'exploite pour le moment l'affaiblissement de Mme Merkel» qui a «une meilleure approche avec les femmes».

«Au suivant, s'il vous plaît», ironisaient plusieurs titres de la presse allemande pour décrire la fuite en série, de gré ou de force, des poids-lourds de la CDU.

«Angela Merkel a perdu un ami de longue date, quelqu'un en qui elle avait confiance, qu'elle écoutait, quelqu'un avec du poids politique», observait Bild le quotidien le plus lu d'Allemagne. «Gouverner ne deviendra pas plus facile pour elle».

Pour le Süddeutsche Zeitung (centre-gauche), ce retrait représente un «coup particulièrement dur» pour Mme Merkel, dont la popularité est en baisse au même titre que sa coalition de centre-droite qui se déchire depuis son arrivée au pouvoir en octobre.

L'exode de conservateurs de haut rang «donne l'impression d'un processus d'érosion» dans le cénacle conservateur, reconnaissait un responsable de la CDU Wolfgang Bosbach dans l'édition en ligne du quotidien économique Handelsblatt.

Pour le biographe de Mme Merkel, Gerd Langguth, cela représente en tous cas l'avantage pour la chancelière d'avoir moins de rivaux potentiels, elle qui a déjà la réputation d'avoit grimpé les échelons du parti en laissant des cadavres sur son passage, à commencer par celui de son mentor Helmut Kohl. «Et en partie à cause de cela, Merkel est encore solidement en selle».

Figure moderne et modérée au sein de la CDU, Ole von Beust, qui avait été le premier chef conservateur de gouvernement régional à faire état de son homosexualité, était depuis neuf ans à la tête de la ville-État hanséatique.

Très populaire, celui qui a enchaîné les mandats au sein de la CDU depuis 32 ans, avait été réélu deux fois et aurait pu poursuivre son mandat encore au moins deux ans s'il n'avait pas jeté l'éponge, invoquant des raisons personnelles.

Depuis 2008, il dirigeait la première coalition entre les conservateurs et les Verts, un type d'alliance inédite au niveau fédéral. Et ses adieux politiques soulèvent aussi la question de l'avenir de cette expérience.

La chancelière a eu beau affirmer lundi que le successeur désigné du maire démissionnaire avait «de bonnes chances» de poursuivre la coalition, l'image beaucoup plus conservatrice de Christoph Ahlhaus risque de soulever des réticences de la base du parti écologiste.

La stabilité de cette coalition pourrait aussi être ébranlée par la défaite à l'issue d'un référendum dimanche d'une réforme du système scolaire, un projet au coeur de son programme.