Le président slovaque Ivan Gasparovic a nommé jeudi au poste de Premier ministre la libérale Iveta Radicova, après la victoire d'une coalition de centre-droit aux élections législatives du 12 juin, a constaté une journaliste de l'AFP au palais présidentiel.

Mme Radicova a prêté serment d'allégeance à la Slovaquie, à sa Constitution et à ses lois, puis elle a serré la main du président et signé le décret de sa nomination, au cours d'une cérémonie.

«La joie et l'humilité sont mes premiers sentiments en cet instant», a-t-elle déclaré.

Mme Radicova dirige une coalition de quatre partis de centre-droit prônant la discipline budgétaire, qui dispose d'une majorité de 79 voix dans le Parlement monocaméral slovaque qui compte 150 sièges.

Peu avant la nomination de la nouvelle chef du gouvernement, le Premier ministre sortant Robert Fico a présenté la démission de son gouvernement de gauche.

Iveta Radicova, une universitaire incarnant le changement

Iveta Radicova, 53 ans, est une universitaire énergique qui se propose d'incarner le changement dans son pays.

Leader de l'Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU-DS), cette sociologue blonde est la première femme à diriger le gouvernement de ce pays d'Europe centrale, indépendant depuis 1993.

«Nous serons un gouvernement pour les citoyens, un gouvernement de responsabilité civique et de coopération», a déclaré récemment Mme Radicova.

La carrière politique de Mme Radicova est relativement courte, mais riche en événements. Elle est ministre du Travail et des Affaires sociales en 2005-2006, à l'époque où l'équipe ultralibérale de Mikulas Dzurinda mène des réformes économiques et sociales aussi douloureuses qu'impopulaires.

Elue députée chrétienne-démocrate en 2006, elle renonce à son mandat parlementaire fin 2009, après avoir été critiquée pour avoir voté au Parlement à la place d'une collègue absente. «J'ai commis une erreur et l'unique manière de me purifier, c'était de renoncer à mon mandat», a-t-elle reconnu.

En avril 2009, elle brigue la présidence du pays mais s'incline face à Ivan Gasparovic. Elle est cependant la première femme à avoir réussi à arriver au second tour de la présidentielle.

En février 2010, elle accepte le poste de «leader électoral» de SDKU, en remplacement de l'ex-Premier ministre Mikulas Dzurinda, qui s'est retiré à cause de soupçons de financement douteux de cette formation.

«Permettez-moi d'exprimer mon souhait que la Slovaquie reçoive à nouveau l'épithète de "tigre d'Europe"», a-t-elle déclaré, dans la nuit du 12 au 13 juin, après avoir appris les résultats des législatives.

Dans cet ancien pays communiste très influencé par l'Eglise catholique, Mme Radicova a été l'objet de critiques de certains prêtres pour son refus de condamner l'avortement.

Elle se dit déterminée à «réhabiliter la politesse» dans la politique, dominée jusqu'ici par les hommes, dans ce pays très conservateur. «La capacité d'écouter constitue la qualité la plus précieuse», assure-t-elle.

Sa façon de parler, lente et articulée, révèle son long passé universitaire, avec une force de persuasion tirée de son expérience de travailleuse sociale auprès des Roms et des handicapés.

Née le 7 décembre 1956 à Bratislava, dans un milieu qu'elle a défini comme «aride sur le plan matériel mais très riche émotionnellement», cette intellectuelle au look décontracté a fait ses études à l'Université Comenius de Bratislava avant de partir pour Oxford. Elle a donné des conférences dans plusieurs universités, en Slovaquie, aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Scandinavie et en Autriche.

Iveta Radicova était mariée à un humoriste satirique Stano Radic, décédé en 2005, dont elle a une fille.

Celle qui se dit admiratrice de la chancelière allemande Angela Merkel, passe ses moments libres avec son chien, un golden retriever, ses cinq chats et sa riche bibliothèque contenant quelque 5000 livres.