La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a déclaré vendredi à Kiev que la porte de l'Otan était toujours «ouverte» à l'Ukraine, bien que le nouveau pouvoir ait renoncé à cette idée, et a souligné que le pays n'avait pas à choisir entre Moscou et l'Occident.

La secrétaire d'État a aussi salué le travail effectué par le nouveau président Viktor Ianoukovitch, qui a succédé en février au pro-occidental Viktor Iouchtchenko, s'abstenant de toute critique.

«La porte de l'Otan demeure ouverte, mais c'est à l'Ukraine de décider si elle va ou non suivre cette voie ou une autre», a déclaré Mme Clinton lors de sa rencontre avec son homologue ukrainien Kostiantyn Grychtchenko.

L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, qui suscitait la colère de Moscou, était ardemment défendue par M. Iouchtchenko avec l'appui de Washington. Mais M. Ianoukovitch n'a pas manqué de rappeler son opposition à un tel projet, lors d'une conférence de presse avec la responsable américaine.

Il a insisté ainsi sur l'importance du soutien américain à «l'Ukraine en tant qu'État européen non-aligné».

Mme Clinton a par ailleurs tenu à faire bonne figure face au rapprochement spectaculaire avec Moscou lancé par les nouvelles autorités ukrainiennes. «Certains tentent de forcer les Ukrainiens à choisir entre un alignement sur la Russie ou sur l'Occident. Nous croyons que c'est un faux choix», a-t-elle déclaré.

«Nous espérons que l'Ukraine va avoir de bonnes relations avec ses voisins, y compris la Russie» tout en maintenant des rapports «proches et constructifs avec les États-Unis et l'Union européenne», a-t-elle dit.

La secrétaire d'État a aussi applaudi les «projets de réformes» économiques du gouvernement Ianoukovitch, son engagement démocratique et son ambition de rapprochement avec l'UE.

Elle s'est aussi gardée de critiquer publiquement le régime ukrainien sur la liberté de la presse, alors que plusieurs médias et journalistes ukrainiens accusent les autorités de vouloir imposer la censure.

Selon des diplomates américains de haut rang, Mme Clinton a évoqué des incidents précis lors de son tête à tête avec le président Ianoukovitch, notamment les cas des chaînes de télévision 1+1 et STB, qui avaient dénoncé en mai des tentatives de censure.

Rien n'en a transparu lors de la conférence de presse, au cours de laquelle la secrétaire d'État a félicité le gouvernement de son engagement initial à combattre la censure, avant de simplement l'inviter à tenir ces promesses avec des mesures concrètes.

En fin de journée, devant les étudiants de l'école polytechnique de Kiev, Hillary Clinton a évoqué sur un ton admiratif «le long chemin» démocratique parcouru par l'Ukraine depuis la fin de l'empire soviétique, il y a dix-neuf ans.

«Elle veut encourager, pas faire la morale», a souligné un conseiller devant quelques journalistes.

Mme Clinton a aussi inscrit à son programme une rencontre avec l'opposante Ioulia Timochenko.

Sur le plan économique, elle a indiqué que Washington était prêt à investir dans l'énergie en Ukraine, notamment dans les secteurs du nucléaire et du gaz.

«Nous pensons que les sociétés américaines seraient intéressées en particulier dans le nucléaire civil, le développement industriel du méthane et les forages profonds en Mer Noire», a précisé Mme Clinton.

Pour sa part, le président Ianoukovitch a invité l'UE et la Russie à participer à la construction d'un nouveau gazoduc en Ukraine afin d'augmenter le transit de gaz russe vers l'Europe dont 80% passent par le territoire ukrainien.