La Cour d'appel de Palerme a confirmé mardi la condamnation du sénateur Marcello Dell'Utri, un proche de Silvio Berlusconi, pour complicité avec la mafia mais a réduit sa peine de prison et rejeté la thèse d'un «pacte» électoral entre Berlusconi et Cosa Nostra.

Le sénateur Dell'Utri, originaire de Palerme, devra purger 7 ans de prison, dont 2 ans effectifs, pour sa proximité douteuse avec certains chefs de la mafia sicilienne, Cosa Nostra. En première instance, il avait été condamné à 9 ans de prison en décembre 2004.

Au terme de six jours de délibéré, la deuxième section de la Cour d'appel a confirmé sa condamnation pour «complicité externe en association mafieuse». Mais elle n'a pas suivi le parquet qui avait requis 11 ans de prison.

En décembre 2009, pendant le procès en appel, un repenti de la mafia, Gaspare Spatuzza, avait accusé le sénateur d'avoir été «l'intermédiaire et l'homme providentiel» pour préparer l'arrivée sur la scène politique de forces bien disposées à l'égard de Cosa Nostra.

Cette partie des accusations n'a pas été retenue par la Cour de Palerme qui a estimé que les relations entre Dell'Utri et Cosa Nostra se sont interrompues en 1992.

En revanche, pour la période précédente et à partir des années 1970, les juges ont accepté la thèse du parquet selon laquelle Dell'Utri s'était assuré de «protections» mafieuses pour des activités financières et industrielles gérées pour son compte et de plusieurs sociétés de Silvio Berlusconi.

Pour l'ex-magistrat et eurodéputé d'opposition (Italie des valeurs), Luigi de Magistris, le verdict confirme en tout cas «une vérité historique», l'existence «d'un rapport entre le bras droit de Berlusconi et Cosa Nostra». Pour M. de Magistris, Silvio Berlusconi doit répondre «sur le plan éthique devant le pays» de cette «relation inquiétante».

M. Dell'Utri a qualifié le verdict de sentence «à la Ponce Pilate», les juges ont donné «une petite récompense au parquet de Palerme et une grosse satisfaction à l'accusé parce qu'ils ont exclu tout ce qui concernait les hypothèses d'après 1992».

Les avocats de Dell'Utri ont annoncé un recours en cassation.

Spatuzza avait affirmé que Dell'Utri et le chef du gouvernement Silvio Berlusconi auraient été les interlocuteurs politiques privilégiés de son chef Giuseppe Graviano, à l'époque d'une série d'attentats mafieux à Milan, Florence et Rome en 1993, au lourd bilan de 10 morts et une cinquantaine de blessés.

Selon le repenti mafieux, un pacte aurait été noué pour que la mafia sicilienne soutienne électoralement Forza Italia, le parti créé par MM. Berlusconi et Dell'Utri, vainqueur des législatives de 1994, en échange de conditions de détention et de lois moins dures à l'égard des mafieux.

M. Berlusconi s'était fermement défendu en dénonçant une «machination» et une «vengeance» de la mafia contre le gouvernement qui l'a, selon lui, le plus combattu.