Le «cannibale de Rouen», accusé d'avoir tué en 2007 un co-détenu dans la prison de Rouen, dans l'ouest de la France, et d'avoir partiellement dévoré ses poumons pour «prendre son âme», a expliqué lundi qu'il avait dû passer à l'acte pour être «pris au sérieux».

«Personne ne m'écoutait. J'ai fait des appels au secours en disant que j'étais un homme susceptible d'être dangereux. Je suis passé à l'acte et on m'a pris au sérieux», a déclaré Nicolas Cocaign, 38 ans, au premier jour de son procès.

Petit homme au cheveu rare et court, à la barbe taillée et au visage marqué par des tatouages, Nicolas Cocaign est accusé d'avoir tué le 2 janvier 2007 Thierry Baudry, 41 ans, à la suite d'une querelle sur l'hygiène dans la cellule.

Obéissant à «une pulsion d'agressivité», Nicolas Cocaign, qui attendait d'être jugé pour une tentative de viol, avait frappé à coups de poings et de pieds ainsi qu'avec une lame de ciseaux son co-détenu, avant de l'achever en l'étouffant avec des sacs-poubelles.

Puis, Nicolas Cocaign avait préparé son repas du soir avec l'intention de manger le coeur de sa victime. Avec une lame de rasoir, il avait découpé le thorax de Thierry Baudry, enlevé une côte et prélevé un morceau de poumon.

Il en avait mangé une partie crue, avant de faire cuire le reste avec des oignons sur un réchaud de fortune. «Je voulais prendre son âme», a-t-il expliqué au juge.

Un troisième détenu, présent dans la cellule, n'avait pas osé intervenir. Il s'est suicidé en prison en 2009.

Nicolas Cocaign s'est longuement exprimé lundi sur son histoire et le mal être qui l'habite depuis toujours. Abandonné quelques semaines après sa naissance par sa mère, enfant turbulent suivi dès six ans par un psychologue, il a assuré avoir été victime d'un viol à l'âge de treize ans.

À plusieurs reprises, il fait l'objet de mesures d'hospitalisation d'office, mais quand il sort, il ne poursuit ni traitement médicamenteux ni suivi psychothérapeutique, alors qu'il dit en avoir été demandeur. «Mes pulsions étaient toujours là, alors...», se souvient-il.

Surnommé le «cannibale de Rouen» par la presse et les détenus, Nicolas Cocaign est accusé d'homicide volontaire accompagné d'actes de torture et de barbarie.

Le procès doit se poursuivre jusqu'à jeudi avec notamment les dépositions des experts psychiatres, prévues mercredi. Les deux premiers qui ont examiné l'accusé juste après les faits avaient conclu à son «irresponsabilité pénale» en raison d'une structure et d'un fonctionnement à caractère «psychotique».

Mais leurs conclusions avaient été invalidées au cours de l'instruction par cinq autres de leurs confrères qui avaient considéré que son discernement n'avait pas été «aboli», mais simplement «altéré» au moment des faits.