Des milliers de foyers restaient jeudi isolés, privés d'électricité ou d'eau potable, deux jours après des inondations historiques qui ont fait 25 morts dans le sud-est de la France et relancé les interrogations sur la prévention des risques naturels.

Les opérations de secours sont terminées mais les autorités n'excluent pas de retrouver des victimes sous les amoncellements de débris ou avec le retrait des eaux, notamment dans la plaine de l'Argens, une des deux rivières dont la crue a surpris les habitants des vallées du département du Var. «La décrue a commencé mais elle n'est pas totale et des zones restent inaccessibles», avait expliqué dans la matinée le colonel des pompiers Jacques Baudot, précisant que les secours devaient fouiller une à une les voitures, mobile homes et maisons dévastés.

Le premier ministre François Fillon a annoncé qu'il présiderait vendredi à Paris une réunion sur les conséquences de ces inondations meurtrières.

Assurant que «tous les moyens de l'État sont mobilisés pour venir en aide aux sinistrés», il a ajouté que le président Nicolas Sarkozy se rendrait sur place «en début de semaine prochaine».

Après quelques orages épars dans la nuit, chacun essayait jeudi de reprendre un semblant de vie normale malgré les innombrables difficultés.

Dans l'après-midi, quelque 94.000 foyers restaient privés d'électricité, les mesures de rétablissement provisoires ayant lâché dans la matinée. 450 agents travaillant pour les réseaux d'électricité nationaux étaient mobilisés pour rétablir la situation, selon la préfecture du Var.

Quelque 15.000 personnes n'avaient toujours pas d'accès au téléphone fixe.

Les intempéries ont aussi eu des conséquences sur l'approvisionnement et la qualité de l'eau potable, et la préfecture a réquisitionné des citernes et fait acheminer des bouteilles d'eau.

Pour les habitants, l'heure était jeudi au nettoyage des maisons mais aussi des commerces et entreprises, et il faudra des jours, voire des semaines, pour évaluer l'impact, notamment économique, de la catastrophe.

Selon Météo France, le Var a connu un phénomène «exceptionnel» et il faut remonter à 1827 pour retrouver une crue de cette ampleur. Mais des critiques se font déjà entendre sur le manque de préparation aux catastrophes en France.

Au moment même où les inondations dévastaient la région de Draguignan, la commune qui a payé le plus lourd tribut avec 12 morts, le Sénat déplorait mercredi des «déficiences» dans la gestion du risque d'inondations en France, selon le pré-rapport de sa mission d'information sur la tempête Xynthia, qui avait fait 53 morts le 28 février dans l'ouest de la France.

«On peut éviter les morts», a souligné jeudi le sénateur Alain Anziani, rapporteur de la mission d'information, s'exprimant à propos du Var.

«Il y a un problème de transmission de l'information et d'alerte», notamment à propos des conducteurs retrouvés noyés dans leurs véhicules, a-t-il relevé sur la chaîne de télévision France 24.

Pour les sénateurs, «l'urbanisation excessive dans des zones sensibles, la déficience des digues et de leur gouvernance, la complexité des dispositifs d'alerte et de prévision sont des questions débattues depuis des années, mais dont les réponses, souvent quasi-unanimes, restent lettre morte».

Pour sa part, la secrétaire d'État à l'Ecologie, Chantal Jouanno, a estimé que ces catastrophes meurtrières «nous renvoient à nos insuffisances», et elle a admis une sous-estimation de certains risques.

La mission propose notamment que tous les permis de construire dans les zones à risque soient systématiquement contrôlés.